
Alors qu'une rupture conventionnelle collective avait déjà conduit au départ d'une trentaine de collaborateurs l'année dernière, la direction invoque désormais "des bouleversements économiques majeurs qui affectent aujourd'hui sa compétitivité", selon les informations du "Figaro".
En cause ? Un "phénomène nouveau" depuis 18 mois : une baisse inédite des revenus digitaux, malgré les efforts de transformation numérique du groupe. Des "mesures volontaristes", comme des "hausses de tarification" ont été mises en œuvre, mais elles n’auraient "pas suffi à enrayer la dégradation de la compétitivité du groupe".
Selon le quotidien, l'entreprise dirigée par Claire Leost avait initialement envisagé la mise en place d'une nouvelle rupture conventionnelle collective en janvier, mais face au refus des syndicats, elle s'est résolue à opter pour un PSE (Plan de Sauvegarde de l'Emploi), plus avantageux pour les salariés qui partent. Objectif : supprimer 54 postes parmi les effectifs.
La phase de concertation avec les représentants du personnel doit débuter ce jeudi 22 mai, pour une période de deux mois. Prisma Media, qui compte actuellement 746 collaborateurs (dont un tiers de journalistes), mise notamment sur les possibilités de reclassement au sein du groupe Louis Hachette, qui rassemble également les éditions Hachette, les médias du groupe Lagardère et l'enseigne Relay, depuis la scission de Vivendi réalisée l'an dernier.
"Le Figaro" rappelle que Prisma Media a déjà vu 180 journalistes quitter les rédactions de ses différents titres fin 2022 au nom de la clause de cession, ouverte par l'arrivée du groupe de Vincent Bolloré au capital, en lieu et place de Gruner+Jahr, filiale du groupe allemand Bertelsmann.
Outre la baisse de ses revenus publicitaires sur le digital, le premier groupe de presse magazine de France a aussi souffert de la perte du très rentable magazine "Gala", vendu au groupe Figaro fin 2023. Or, ce titre représentait à lui seul 10% du chiffre d'affaires de Prisma Media, estimé à 309 millions d'euros en 2023.
L'opération était alors nécessaire pour valider l'offre publique d'achat de Vivendi sur Lagardère, puisque la Commission européenne avait posé cette condition au groupe de Vincent Bolloré, qui aurait sinon possédé trop de titres people. Il aurait réuni en effet "Gala" et "Voici" côté Prisma Média, plus "Paris Match" côté Lagardère. Mais ce dernier a depuis été vendu (à LVMH en octobre dernier) lui aussi, et il ne reste plus aujourd'hui dans le giron du groupe que "Voici".
Pour compenser cette perte, le groupe a engagé un mouvement de diversification, notamment dans le segment du luxe avec le lancement de "Harper's Bazaar" ou le rachat et le relancement de "The Good Life", tout en développant ses liens avec le monde de l'édition, via des synergies avec les éditions Hachette.
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