Ça deviendrait presque une habitude. La justice a une nouvelle fois surveillé un journaliste du Monde. C'est en tout cas ce qu'affirme le quotidien du soir dans son édition parue aujourd'hui, consacrant un long article ainsi que son éditorial de Une à cette nouvelle affaire. La surveillance en question remonte à 2009. Elle concerne le journaliste Gérard Davet, déjà concerné par l'affaire dite des "fadettes du Monde", du nom des factures téléphoniques détaillées de journalistes récoltées par les services de renseignement en marge de l'affaire Bettencourt.
Cette fois, le journaliste d'investigation aurait été placé sur écoute pendant près d'un mois sur ordre d'une juge enquêtant sur une violation du secret de l'instruction. En cause, un article de Gérard Davet consacré au "gang des barbares", du nom de ce groupe d'individus ayant torturé à mort Ilan Halimi en 2006. Dans son papier, Gérard Davet révélait plusieurs éléments confidentiels présents dans le dossier d'instruction. Grâce aux écoutes de son téléphone portable, la juge d'instruction espérait ainsi pouvoir identifier la source du journaliste, sans succès finalement.
Une première depuis l'affaire des "écoutes illégales de l'Elysée"
Cette surveillance policière "n'a été découverte que récemment, par l'un des avocats du Monde, qui consultait le dossier de Gérard Davet avant l'une de ses auditions", explique le quotidien. Selon le journal, il s'agit d'"un degré supplémentaire" franchi "dans les modalités de surveillance" puisqu'il ne s'agit plus de fadettes mais bien d'écoutes de conversations professionnelles et privées. Le Monde a d'ailleurs précisé dans son éditorial qu'il s'agissait pour le quotidien d'une première depuis l'affaire "des écoutes illégales de l'Elysée". Ce scandale avait révélé l'écoute, en dehors de tout cadre légal, de plusieurs personnalités publiques sous la présidence de François Mitterrand dont Edwy Plenel, alors journaliste au Monde.
Dans son éditorial, le journal a éaffirme son attachement au principe de secret des sources des journalistes, "véritable pierre angulaire de la liberté de la presse" selon lui. Le quotidien du soir a enfin critiqué la nouvelle loi censée en assurer la protection et qui ne préserverait pas les journalistes de la surveillance de la justice en cas d'atteinte "aux intérêts fondamentaux de la nation" . Une notion trop floue et trop large selon Le Monde qui a rappelé que la loi devait aussi garantir aux journalistes "le droit d'informer en toute liberté et en toute indépendance".