

C'est une offensive inédite dans le paysage médiatique français. Ce mercredi 23 avril, plus de 200 médias, parmi lesquels TF1, France Télévisions, Radio France, "Le Figaro" ou encore "Libération", ont annoncé avoir assigné Meta — la maison mère de Facebook et Instagram — devant le tribunal des activités économiques de Paris. Ils accusent le géant américain de" pratiques illégales" en matière de publicité en ligne, notamment d'un ciblage publicitaire fondé sur une collecte massive et illicite de données personnelles.
Selon le communiqué de leurs avocats, Me Didier Théophile (cabinet Darrois) et le cabinet américain Scott+Scott, Meta aurait "collecté massivement les données personnelles de ses utilisateurs sans informer ni solliciter leur consentement ", en totale infraction avec le Règlement général sur la protection des données (RGPD) en vigueur en Europe. Ce recours judiciaire, présenté comme une "première historique", vise à obtenir réparation pour le "préjudice économique massif" causé par ces pratiques.
En exploitant les données récoltées à grande échelle, Meta aurait pu proposer des publicités ultra-ciblées, captant ainsi la majorité des investissements publicitaires au détriment des médias traditionnels. Les plaignants, issus de tous les horizons du paysage médiatique — chaînes de télévision, radios publiques et privées, quotidiens nationaux et régionaux, magazines, et même plateformes comme Dailymotion — s'unissent dans une démarche collective inédite contre le mastodonte du numérique.
Les avocats des médias dénoncent également la domination de Meta et Google sur le marché publicitaire numérique, affirmant que les deux entreprises réunies représentent à elles seules "75 % du marché et 90 % de sa croissance". Ils soulignent que la publicité constitue " 98 % du chiffre d'affaires mondial de Meta " et que, sans ces pratiques jugées déloyales, les médias français auraient pu bénéficier d'une part bien plus importante des revenus du numérique. Pour l'heure, Meta n'a pas encore réagi à ces accusations. Mais cette action pourrait marquer un tournant dans les rapports de force entre les géants du numérique et les médias traditionnels, en quête d'équité dans un écosystème publicitaire largement déséquilibré.