Les réseaux sociaux, très peu pour lui ! Vingt ans après son arrivée au "Grand journal" de Canal+, Yann Barthès cultive la discrétion. Instagram, oui, Twitter, non pour la star de "Quotidien" sur TMC. Un choix personnel (et revendiqué haut et fort) qui s'est même traduit au cours de la saison dernière par une décision radicale : le talk-show phare produit par Bangumi a désactivé son compte sur X (ex-Twitter), le réseau social détenu par le très controversé milliardaire Elon Musk. Pour puremedias.com, Yann Barthès a accepté de revenir sur les évolutions de la télévision ces vingt dernières et d'évoquer son rapport aux réseaux sociaux.
Propos recueillis par Benjamin Rabier
puremedias.com : Qu'est-ce qui change entre présenter une émission en 2024 et une émission en 2004 ?
Yann Barthès : Sans hésiter, les réseaux sociaux. À l'époque du "Grand journal", je crois que Twitter n'existait pas. Faire de la télévision à l'époque des réseaux sociaux, ça n'a plus rien à voir. C'est aussi pour cela qu'on revendique la télé "old school", avec des caméras qui ne sont pas automatisées, des répétitions, de l'editing, de l'image, du dérushage, le choix des typos, l'écriture, le montage, etc...
On veut continuer le plus possible à faire de la télé comme avant. Le truc, c'est qu'on doit faire avec la puissance des réseaux sociaux qui rendent tout le monde parano. Les invités bien sûr, mais nous aussi parfois. Des fois, on s'interroge sur un mot de travers, un éventuel bad buzz. Ce qui pouvait passer à l'époque ne passe plus aujourd'hui.
Par exemple, aujourd'hui, les publicistes américains sont obsédés par une petite phrase qui pourrait être prononcée par leur talent. Avant, quand on recevait un Américain au "Petit journal", on s'amusait à leur faire dire "Fuck" parce que c'était interdit à la télévision américaine. Ils ne le font plus aujourd'hui. Ils savent que cette petite phrase sera reprise sur les réseaux sociaux et que ça va être vu aux États-Unis. Aujourd'hui, tout est mondial, tout est connecté, donc la parole est beaucoup plus policée.
Comment vivez-vous la violence des réseaux sociaux à votre encontre ?
Je n'ai pas Twitter. Donc honnêtement, moi je m'en moque totalement. Parfois on me dit qu'il y a un truc qui remonte sur moi, mais je m'en fous complètement.
La semaine dernière, sur Twitter, le compte officiel de "TPMP" a détourné les visuels de votre campagne de rentrée. Comment le vivez-vous ?
Concernant Cyril Hanouna, je ne veux pas remettre une pièce dans la machine.
De nombreux chroniqueurs de votre équipe sont sur Twitter et sont régulièrement victimes d'attaques. Est-ce qu'en interne, vous en a parlé avec Julien Bellver ou Jean-Michel Aphatie ?
Jean-Michel, il faut lui demander, je n'en sais rien. Moi, je ne suis pas au courant, mais sincèrement, je m'en moque totalement. Ça fait 20 ans désormais. Des bad buzz, je m'en suis pris, des insultes je m'en suis pris et je m'en prends encore. J'ai reçu toutes les insultes possibles et imaginables. Il s'avère que c'est autorisé par la loi donc, je m'en prends, tout le monde s'en prend, et c'est comme ça... J'ai eu Twitter au début, et puis très vite, je m'en suis tellement pris dans la tronche que j'ai arrêté. J'ai bien vu que ça allait me rendre malade. Donc j'ai préféré me retirer.
Twitter c'est important pour la visibilité de "Quotidien" ?
Non, on a arrêté le compte.
Quelques semaines après l'arrêt du compte "Quotidien", le compte X de Julien Bellver a commencé à poster l'intégralité de ses chroniques quelques minutes après leur diffusion sur TMC. Est-ce un moyen détourné pour vous de rester sur le réseau social ?
C'est son compte perso, il fait ce qu'il veut. Mais nous, "Quotidien", on a quitté Twitter. D'ailleurs, la preuve que Twitter n'est pas essentiel pour une émission, c'est que depuis qu'on a arrêté, les audiences sont toujours là.
Il ne faut quand même pas oublier qui est à la tête de ce réseau social ! Tous les journalistes et les politiques s'en servent. Jean-Michel Aphatie s'en sert, Julien Bellver s'en sert, Emmanuel Macron s'en sert, mais il faut quand même se poser deux secondes et se rendre compte de la nature de ce réseau. Il faut quand même lire les paroles de la personne qui est à la tête de Twitter aujourd'hui. On est parti de Twitter et je pense qu'on a bien fait de le faire, parce qu'on n'assumait pas d'être sur un réseau social américain qui est dirigé par un facho. Je pense qu'il y en a d'autres qui pourraient le faire aussi. À commencer par les services publics.