Elle se produisait lundi à Lyon.
Icône de mode, femme battue... On en aurait presque oublié que Rihanna était une chanteuse, et surtout, une bête de scène. Elle l'avait démontré lors de sa tournée précédente et a enfoncé le clou lors de sa première date française, face à 13..000 personnes à la Halle Tony Garnier de Lyon. La Barbadienne a livré un show impeccable de bout en bout, tant vocalement que visuellement - que ses fans pourront encore découvrir le 27 avril à Genève, et le 28 avril à Paris Bercy.
Rihanna n'invente rien, mais...
C'est par la ballade "Russian Roulette" que le set a démarré, parti pris ambitieux pour une chanteuse plus réputée pour ses bombes R&B dancefloor. Entrée en scène minimaliste donc, mais hautement symbolique. Surélevée, la star flotte au-dessus de la scène, et sa robe longue s'illumine de rouge : Rihanna est alors un cœur qui bat. Mais c'est avec les titres "Hard" (top 10 US fin 2009) et [musique:45270 "Shut up and Drive"] que la chanteuse s'approprie la scène, et se défoule au passage, batte de baseball à la main, sur une carcasse de voiture.
Suivra une heure quarante-cinq d'un show visuellement toujours très dense et riche en symbolisme. Les références affluent, du pop art au cirque jusqu'au burlesque. Rihanna n'invente pas grand-chose : ses ainés, de Madonna à Pink, de Christina Aguilera à Marilyn Manson, ont déjà éprouvé les inspirations qui se cachent derrière ses mises en scène. Mais c'est un spectacle jubilatoire et presque salvateur que Rihanna donne à voir, tantôt veuve noire, tantôt lionne, se jouant sur scène de la violence et du danger, écho peut-être pas volontaire mais forcément perceptible de ses déboires personnels.
Un concert d'une efficacité absolument implacable
Parmi les moments forts de la soirée, la reprise du "Wonderwall" d'Oasis, en introduction à son hit [musique:45262 "Hate That I Love You"]. Pour "Rehab", Rihanna la joue thérapie, en se déhanchant lascivement sur un divan de psy revisité. Pour [musique:45264 "Don't Stop the Music"], c'est enfermée dans un cube avec ses danseurs que Rihanna met le feu. Le concert a forcément fait la part belle à son troisième album [musique:278246 "Good Girl, Gone Bad"], son plus gros carton. Mais si son dernier opus [musique:339960 "Rated R"] a rencontré un succès moindre, ses titres trouvent sans aucune difficulté leur place sur scène, d'un "Te Amo" très acrobatique à un "Wait Your Turn" quasi-militaire.
Dommage toutefois que le public lyonnais, réputé difficile, soit passé un peu à côté de l'actuel [musique:356088 "Rude Boy"] ou de l'excellent et sombre [musique:284810 "Disturbia"], pourtant deux tubes incontournables. Autres bémols, l'absence sur la setlist du premier succès de la chanteuse, [musique:45296 "Pon de Replay"], un son un peu étouffé lors du premier tableau et quelques longueurs lors des transitions vidéo. Enfin, le final [musique:45280 "Umbrella"] était une quasi-réplique de celui de sa précédente tournée.
Mais le tout reste d'une efficacité absolument implacable. Pour preuve, ce sont peut-être les balades [musique:45286 "Unfaithful"] et [musique:284812 "Take a Bow"], interprétées sobrement, qui resteront les moments les plus marquants de cette soirée, prouvant encore une fois les capacités vocales, la versatilité et la transversalité de la chanteuse. « Quand Rihanna dort, ses rêves prennent vie », annonçait le premier tableau vidéo du show. C'est bien quelque part entre la réalité et le fantasme que Rihanna situe son "Last Girl on Earth Tour". "Last girl", peut-être pas. Mais Rihanna prouve avec ce show complexe, riche, coloré et rythmé, qu'elle est l'une des seules reines du R&B à pouvoir faire vibrer si fort la planète pop.
