Une journaliste d'iTELE au service de Vincent Bolloré en Afrique ? Jeudi soir, dans un "Complément d'Enquête" consacré au patron de Vivendi, on voit une jeune femme réalisant une interview du président guinéen Alfa Condé à Conakry et des images de la pose de la première pierre d'une salle de concert, "CanalOlympia". Interrogée par le réalisateur, la journaliste assure travailler pour iTELE, la chaîne d'information du groupe Canal+. "Je travaille pour iTELE, c'est une première chez nous, nous manquons de salles de spectacles", explique-t-elle pendant qu'elle tourne une séquence. Interrogée par le journaliste, elle ignore visiblement qu'iTELE appartient à... Vincent Bolloré.
"Elle n'a jamais été missionnée par la rédaction pour réaliser ce reportage"
Mais cette journaliste n'a jamais fait partie des effectifs de la chaîne, comme la SDJ d'iTELE le dénonce dans un communiqué. "Nous tenons à préciser que cette jeune femme est inconnue de la rédaction d'iTELE. Elle n'a jamais fait partie des journalistes de la rédaction ni des correspondants pigistes à l'étranger. Elle n'a jamais été missionnée par la rédaction pour réaliser ce reportage". La SDJ assure néanmoins que les images qu'elle tournait ce jour-là ont bien été transmises à Paris. "Mais compte tenu du peu de pertinence de ces images pour une chaîne d'information et surtout du contexte de campagne électorale en Guinée à l'époque des faits, la rédaction avait décidé de ne pas les diffuser sur notre antenne", explique la SDJ. Traduction : pas question d'assurer la promotion sur iTELE des activités africaines du big boss si ce n'est pas éditorialement justifié.
Charte d'indépendance
Depuis plusieurs semaines, la SDJ de la chaîne réclame à son actionnaire la signature d'une charte protégeant l'indépendance des journalistes. Une charte, écrite et approuvée par la rédaction, n'a toujours pas été validée par la direction. Un "comité d'éthique" a été créé mais sa composition est déjà contestée. Jugeant insuffisantes les dispositions de la proposition de loi sur l'indépendance des journalistes en préparation, Olivier Ravanello, président de la SDJ d'iTELE, appelle de ses voeux la création d'une autorité professionnelle indépendante.
