

François Bayrou mis en cause par "Mediapart". Le parquet de Pau examine depuis un an un dossier regroupant une centaine de plaintes pour violences, agressions sexuelles et viols au collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram, près de Lourdes, entre les années 1970 et 1990. Selon une enquête du journal d'investigation, le premier Ministre, qui a scolarisé ses enfants dans cet établissement catholique, avait connaissance de ces accusations dès la fin des années 90.
Selon "Mediapart", en mai 1996, le Béarnais, alors en charge du portefeuille de l’Éducation nationale, avait organisé "une visite officielle dans l’établissement, un mois après le dépôt de la (première) plainte et alors que l’affaire était largement commentée dans les médias". Le journal raconte qu’il avait alors "fait directement référence à cette première plainte et défendu Bétharram". Des témoignages de plusieurs membres de l'école, indiquant avoir alerté à plusieurs reprises les autorités, dont le maire de Pau, des soupçons de violence, viennent accréditer ces affirmations
Le mardi 11 février, le chef du gouvernement a été interpelé à l'Assemblée nationale par le député LFI Paul Vannier sur le sujet, et a juré qu'il ignorait tout des accusations. "J’affirme que je n’ai jamais été informé de quoi que ce soit de violences ou de violences a fortiori sexuelles. Jamais", a-t-il assuré dans l'hémicycle. Devant les députés, François Bayrou a annoncé porter plainte pour diffamation, sans préciser qui était visé.
"Est-ce que vous croyez que nous aurions scolarisé nos enfants dans des établissements" où l'on aurait "soupçonné ou affirmé qu'il se passe des choses de cet ordre ?", a-t-il poursuivi. "Lorsque la première plainte est déposée, j’ai déjà quitté le ministère de l’Éducation nationale depuis des mois (...) j’ai quitté le ministère en mai 1997", s'est-il défendu au micro. "Dès que quelqu'un occupe des responsabilités, on s'ingénie à inventer de toutes pièces des scandales. Si on ne répond pas et qu'on se tait, on est coupable. Et si on répond et qu'on dément, on est immédiatement mis en accusation", a-t-il lancé à la représentation nationale au sujet de cette "méthode".
De son côté, "Mediapart" a maintenu ses informations et publié de nouveaux documents. Ce mercredi 12 février, le média numérique dévoile un courrier d'un ancien élève, reconnu victime par la Commission reconnaissance et réparation (CRR), avec son accusé de réception ainsi qu’une photo d’archive. Le bordereau montre qu’il aurait été reçu en mars 2024 par le maire de Pau, mais la missive racontant des faits d’attouchements subis à la fin des années 1950, serait restée sans réponse. Les articles publiés par "Mediapart", contredisant la version de François Bayrou, ont conduit les députés socialistes, mais aussi Paul Vannier, à réclamer "que toute la lumière soit faite" sur cette affaire. "S'ils (les élements, ndlr) étaient avérés, cela constituerait un mensonge et donc une faute grave", juge le PS.