
Bruno Solo partage de nombreux points communs avec Helena Noguerra, l’une de ses partenaires dans le feuilleton quotidien de M6, "Nouveau Jour". Comme elle, c’est un visage plus que familier du public de M6. Et comme elle, c’est la première fois qu’il accepte de jouer un personnage récurrent dans une telle fiction. Véritable touche à tout même s’il se fait désormais plus rare au cinéma, il joue régulièrement dans des séries telles que “Crimes parfaits”, “César Wagner” ou “O.P.J.” et il présente régulièrement l’émission dédiée à l’Histoire sur France 5, “La guerre des trônes”. Cette fois, il incarne Franck, un patron de centre nautique qui n’hésite pas à donner un coup de pouce aux jeunes. Il est aussi le parrain de Théa (Marion Aymé) qui fait une entrée plus que remarquée dans l’Hôtel Bartoli au centre de nombre d’intrigues de ce nouveau feuilleton aux allures de saga d’été.
Propos recueillis par Anne Lenoir
Puremedias : Vos fans risquent d’être surpris de vous découvrir au générique de “Nouveau jour”, le nouveau feuilleton quotidien que M6 lance ce lundi 30 juin. Pourquoi avez-vous accepté de venir sur un tel projet ?
Bruno Solo : Parce que M6 est venue me chercher, avec d’autres, pour lancer une série mêlant jeunes et seniors expérimentés. Être à l’origine d’un projet, ça m’amuse. Et puis, c’est aussi un retour sur M6, où je me sens un peu chez moi. Je reconnais avoir mis du temps avant d’accepter : cinq ou six mois, je crois. Je me demandais si ce n’était pas trop tôt pour m’engager dans une série quotidienne. Mais on m’a donné certaines garanties.
Lesquelles ?
Pouvoir continuer le théâtre en parallèle, mes émissions d’Histoire sur France 5, tourner un unitaire, comme c’est le cas actuellement pour France 2, à l’occasion. J’ai aussi obtenu de pouvoir discuter les textes, y mettre un peu de moi. Et puis j’ai vu le casting : Helena Noguerra, Laëtitia Milot, que j’aime beaucoup, Vincent Desagnat, et les jeunes, à découvrir, à accompagner. Tout était réuni pour dire oui. Et puis, un tel projet me propose aussi un travail régulier. Or, jouer, c’est ce qui nous garde vivants.
Qui est Franck, votre personnage ?
Un type que l’on devine bienveillant, un peu mélancolique, à l’écoute d’une jeunesse qu’il a peut-être laissé filer. Il tient un petit club nautique, un peu en marge, et prend sous son aile des jeunes. C’est un ancien pote de Lulu, ce fameux disparu en mer. Même si on devine bien qu’il n’est probablement pas vraiment mort… On s’attend presque à ce qu’il réapparaisse barbu, façon Robinson Crusoé ! Il est aussi le parrain de Théa, l’héroïne principale. Il est une figure à laquelle on se confie, un peu bougon mais lumineux. Il va sans doute devenir plus complexe, ambigu.
Quel regard portez-vous sur les séries quotidiennes ?
Elles ont énormément évolué. “Plus belle la vie” a été pionnière. Au début, on regardait ça avec condescendance. Mais la série a abordé des sujets de société en avance sur bien d'autres : drogue, inclusion, handicap… Elle est devenue un objet sociologique. Même les journaux dits “sérieux” s’y sont intéressés. Les acteurs, à force de tourner, se sont bonifiés. L’écriture a progressé. Et ici, sur cette série, je trouve les textes vraiment bons. Pour l’instant, je suis très agréablement surpris.
Le rythme de tournage est-il intense ?
Oui, mais j’adore ça. Et puis, désormais, tout s’est accéléré : avant, un 90 minutes se tournait en 23 jours, maintenant c’est 19. Pareil pour le théâtre : on répétait deux mois, aujourd’hui un seul. Tant que je joue, je ne suis pas fatigué. C’est quand ça s’arrête, quand le rideau tombe, que je sens le poids des années. Mais tant que je suis en action, ça va. Et puis, je fais attention : je dors bien, je fais du sport. J’ai changé mes habitudes, et je sens la différence.
Vous jouez un peu le mentor des jeunes acteurs présents sur le tournage ?
Pas mentor, disons éclaireur, éventuellement. Certains me posent des questions, et j’adore ça. J’aime transmettre, que ce soit en scène ou en masterclass.
“Aucun autre feuilleton n’a de tels décors”
Bruno Solo
Il y a déjà un esprit de troupe ?
Oui, on sent cette cohésion naissante. Après, il ne faut pas être angélique, il y aura des creux. C’est là que les plus expérimentés d’entre nous devroent maintenir la ferveur. Les séries quotidiennes l’ont compris : elles renouvellent leurs personnages pour garder l’énergie. C’est un travail d’équipe, une vigilance collective.
Vous tournez sur le “backlot”, ces rues entièrement reconstituées ?
Oui, j’ai filmé l’endroit pour mes proches. Je leur ai dit : 'Regardez, je suis dans un petit village du sud.' Ils ont cru que c’était réel. Ce décor est unique. Aucun autre feuilleton n’a un tel espace. On peut même entrer dans les maisons ! Il y a une vraie vie possible dans les rues. C’est un décor vivant.
Vous tournez encore une fois dans le sud de la France…
J’ai beaucoup tourné à Aix, à Sète, à Marseille, c’est vrai. Avec la Bretagne, ce sont les deux régions où j’ai le plus travaillé. À Paris, ça devient compliqué : trop cher, trop de contraintes. En télé, on préfère tourner ailleurs.
"Je suis arrivé en demi-finale des 'Traîtres"sans rien faire !"
Bruno Solo
Récemment, vous avez aussi participé à "Les Traîtres", "Pékin Express"...
C’était une façon de revenir doucement sur M6. Ils m’ont proposé ces émissions, je les ai faites volontiers. Même si pour 'Les Traîtres', j’avoue l’avoir joué avec une certaine… distance. Je suis arrivé en demi-finale sans rien faire ! (il éclate de rire) “Pékin”, c’était plus fort comme expérience. Avec M6, il y a un lien. C’est la chaîne qui nous a révélés, Yvan Le Bolloc’h et moi. J’y suis attaché. Comme à France Télévisions, avec qui je travaille depuis dix ans. Ce sont mes deux maisons.
Vous apparaissez dans de nombreux projets et pourtant on vous voit assez peu hors des plateaux ?
Je suis un électron libre. Je ne fais pas partie d’un clan. Je fais ce métier avec passion, mais une fois que le tournage s’arrête, je coupe tout. Je ne suis pas sur les réseaux, je vis un peu en marge. Ce que j’aime, c’est la troupe, le travail. Et après, ma vie privée reprend toute sa place.
Théâtre, télé… Avez-vous l’impression d’avoir à faire au même public ?
Non, surtout qu’au théâtre, on le voit. C’est un lien direct, charnel. Au cinéma ou à la télé, on ne sait pas qui regarde. Le théâtre, c’est mon moteur. C’est la vérité du jeu. Edwige Feuillère disait : “au cinéma, on a joué ; au théâtre, on joue”. C’est un laboratoire vivant. Chaque soir, on peut changer une intention, une respiration. Rien n’est figé. Au cinéma ou en télé, tout l’est. Et ce n’est pas moi qui choisis ce qui sera gardé au montage. Au théâtre, on est maître de son geste, de sa voix. C’est la noblesse absolue de ce métier.
Vous en faites d’ailleurs actuellement…
Oui, je joue “Le Dîner”, un seul-en-scène tiré du roman d’Herman Koch. C’est un texte très fort : deux frères doivent décider s’ils dénoncent leurs fils, auteurs d’un meurtre. C’est terrible pour des parents. Je le porte depuis longtemps, et la tournée est intense : Dieppe, la Belgique, Courbevoie…
