Les femmes et le sport sont à l'honneur sur puremedias.com. A l'occasion de la Coupe du monde de football féminine en France du 7 juin au 7 juillet, les personnalités féminines de l'univers du ballon rond se confient pour notre opération #FemmesDeFoot sur le tournoi international de football et sur leurs actualités à la télévision. Ainsi, Céline Géraud, présentatrice de "Réveil Matin Céline" sur RMC Sport, a répondu à notre sollicitation.
Propos recueillis par Florian Guadalupe. Entretien réalisé le 5 avril.
Partie Coupe du monde de football féminine
Que représente le football féminin pour vous ?
C'est une discipline en pleine expansion et en plein développement. Naturellement, je m'étais d'abord intéressée au rugby féminin. Avec ma culture du judo et du combat, je me sentais plus proche du rugby que du foot. J'ai fini par m'y intéresser il y a une petite dizaine d'années. J'ai été bluffée quand j'ai eu la chance de rencontrer quelques joueuses. Je me suis dit que ces footballeuses sont assez courageuses car elles partent de très loin. J'ai découvert l'équipe de France de football féminine au même moment que celle du rugby féminin. Je trouve qu'elles se ressemblent. Elles ont une force incroyable et la comparaison avec les garçons est toujours présente. La conquête du foot féminin par rapport au foot masculin est très intéressante. Il y a un enjeu social dans le football féminin. Cela reflète ce qu'on vit en ce moment : la parité, la lutte contre les discriminations, etc. Elles sont un bon révélateur de ce qu'il se passe. Le football féminin a une occasion unique avec cette Coupe du monde.
Quelle sera la surprise de cette Coupe du monde de football féminine ?
Je miserais bien sur l'Angleterre. Elles ont remporté leur poule. Elles sont allées en demi-finale lors du dernier Euro en 2017 et avaient battu la France en quart.
Quelle joueuse fera la Une des médias cet été ?
Je pense principalement à Amandine Henry, la capitaine de l'équipe de France. Elle n'est pas la plus visible, bien qu'elle soit extrêmement efficace sur le terrain. Il se trouve que le timing pour elle est parfait. Elle a une carrière incroyable. C'est cette joueuse qui est partie aux Etats-Unis pour progresser. Elle est revenue en France à Paris, puis à Lyon. Elle est en pleine maturité. Elle tient la boutique. C'est une capitaine emblématique. Je pense que cette Coupe du monde, c'est la sienne ! Ce sera un révélateur pour elle aussi. Elle est bluffante, je trouve.
L'équipe de France peut-elle remporter la compétition ?
Bien sûr. Elles sont outsiders car il y a les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne devant dans le classement. Je crois beaucoup en cette équipe de France. Il faut que les filles profitent de cette sorte de frénésie que l'on a pour le football. Surtout qu'il y a une appétence pour le football féminin et plus globalement pour le sport féminin qui est en train de monter. C'est le bon moment pour elles. Ca fait plusieurs mois qu'elles chatouillent les meilleures équipes du monde. Elles auront le plein de confiance car elles seront chez elle. Si elles ratent le coche, ce sera terrible pour elles.
Quel sport féminin devrait être beaucoup plus diffusé à la télévision ?
Pour moi, il n'y a pas de sport féminin. Le sport est mixte. Il n'a pas de sexe. On parle de sport féminin uniquement pour les sports d'équipe. Tous ces sports collectifs ne sont en effet pas assez présents à la télévision. Je trouve qu'il y a de plus en plus de football féminin et de rugby féminin. Par contre, je trouve qu'il manque de basket féminin à la télévision. Ce qui manque à ces sports en équipe, c'est qu'on n'a pas encore d'icône. On ne se dit pas encore aujourd'hui que l'on va s'acheter le maillot d'Eugénie Le Sommer, d'Amandine Henry ou de Wendy Renard.
Partie médias
Comment allez-vous aborder cette Coupe du monde féminine sur l'antenne de RMC Sport ?
Nous allons la suivre à fond. Je serai à bloc tous les matins. C'est génial, ça suit la Ligue des champions. On attaque direct avec la Coupe du monde. Nous ne sommes pas détenteurs de droit mais nous avons le droit à l'info. Nous aurons des envoyés spéciaux un peu partout. La Coupe du monde de football féminine sera largement évoquée dans notre matinale de 6h à 9h. L'idée sera de créer une histoire et de créer un feuilleton. Nous donnerons rendez-vous aux gens tous les matins pour leur donner des nouvelles de l'équipe de France, y compris entre les matchs de poule, quand elles ne joueront pas. Il faut que nous racontions la vie du groupe, les coulisses et - je l'espère - leur montée en puissance.
Cet événement viendra clore votre première année à la tête de cette matinale. Quel bilan tirez-vous de cette saison sur RMC Sport ?
Un bilan génial. Je cherchais un défi physique et professionnel. Je suis servie. Physiologiquement, c'est dur. J'ai mis deux à trois mois pour avoir le rythme de me lever à 2h du matin. C'est quelque chose d'assez cruel (rires). Maintenant, c'est bon. Je commence à avoir de vrais automatismes avec mon coéquipier Thomas Desson. Je ne le connaissais pas avant. Il fallait qu'on crée de la complicité. Puis, on avance sur l'éditorial. Il faut faire des coups. Par exemple, nous avons eu la ministre des Sports Roxana Maracineanu et elle nous a fait des déclarations chocs.
L'opinion fait partie de l'ADN de la marque RMC. Vous sentez-vous comme la Jean-Jacques Bourdin du sport ?
Jean-Jacques Bourdin, le raccourci est un peu violent (rires). Je n'ai ni son expérience, ni sa verve. En revanche, oui, nous poussons des coups de gueule. Oui, nous ne brossons pas les invités dans le sens du poil. Oui, nous sommes assez corrosifs. Oui, nous réagissons à l'actualité. Je pense que ma matinale ressemble plus aux "Grandes gueules" qu'à Jean-Jacques Bourdin. Nous sommes deux, voire trois avec des consultants ou des personnes en extérieur. Nous cherchons principalement le dialogue.
Vous avez reçu la ministre des Sports dans votre matinale début avril. Elle y a fait des annonces fortes. Votre objectif est-il que votre matinale devienne le lieu où il faut être pour communiquer ?
C'est exactement ça. Ce serait le Graal absolu pour nous. Nous voulons devenir une émission référence. Pour le coup, notre émission ouvre le café. Nous avons envie que les gens qui s'intéressent au sport viennent chez nous quand ils se lèvent tôt. Avec la ministre des Sports, nous avons ouvert une brèche. Nous n'avons absolument pas envie de la refermer. Surtout que c'était un coup. C'était sa première prise de parole dans notre groupe. Il faut vraiment que notre matinale devienne un point de rendez-vous obligé et incontournable pour les acteurs du milieu sportif. Un rendez-vous comme peut l'être celui de Jean-Jacques Bourdin à 8h30.
Êtes-vous aussi plus à l'aise de travailler dans un groupe avec des droits sportifs prestigieux comme les coupes d'Europe de football ?
C'est différent. A France Télévisions, je travaillais sur l'omnisport. Ici, je travaille beaucoup plus sur du football, qui n'est pas ma culture au départ. J'avoue humblement que je progresse tous les jours. Je suis heureusement entourée de super spécialistes. Ils sont justement venus me chercher pour ça, parce que j'avais cette culture de l'omnisport. C'est vrai qu'avoir la Ligue des champions et d'être au coeur du magma, c'est palpitant ! Il y a une énergie incroyable à RMC Sport. On sent la différence quand on travaille dans un groupe privé. Il y a une obligation de réussir. Moi qui aime la compétition, ça me correspond. J'aime le challenge et de sortir de ma zone de confort. Le groupe a payé très cher ces droits de Coupes d'Europe. C'est notre rôle de les mettre en avant.
Une question plus générale sur votre métier. En est-il terminé de cette image très machiste du journaliste sportif ?
Oui. Ca fait un bon petit moment. Honnêtement, il n'y a plus de frontières. Les filles dans le sport sont aujourd'hui légitimes. A RMC, nous avons Sonia Carneiro, qui intervient dans "Breaking Foot" et qui est au bord du terrain lors des matchs de Ligue des champions. Elle est ultra compétente. C'est quelqu'un que je regarde travailler car elle est efficace. Donc, je pense que ça fait un petit moment que cette image du métier est finie. De plus, je trouve qu'aujourd'hui il n'y a plus d'erreurs de casting. Il y a plein de nanas de nos jours en poste dans des émissions de sport qui sont légitimes, que ce soit Carine Galli ou Candice Rolland, par exemple.
Vous avez passé de nombreuses années dans le groupe France Télévisions et vous avez notamment animé l'émission "Stade 2". Récemment, la direction a évoqué la possibilité de passer l'émission sportive de France 2 à France 3. Selon vous, est-ce une bonne idée ?
Oui, c'est une bonne idée. Il faut tenter. Je peux vous en parler assez facilement. Quand j'ai pris l'émission en 2013, nous étions à 2 millions de téléspectateurs à 17h45. Puis, nous avons été déplacés à trois horaires différents. En trois ans, nous avons perdu 1 million de personnes. Aujourd'hui, ils sont à 16h45. Ils font une émission la meilleure possible avec un magazine, des documentaires, des exclus. Pourtant, ils dépassent difficilement le cap du million. C'est compliqué. C'est ça ou mourir. Donc, autant changer de chaîne et changer de créneau. Par contre, il faut une approche en rupture. Il faut proposer autre chose et surprendre. En tout cas, il vaut mieux que ça s'appelle "Stade 2" ou "Stade 3" que "Stade terminal". Je pense que c'est le bon moment pour l'émission pour se réinventer. Ils ont la chance d'avoir des journalistes géniaux et des moyens pour tourner de superbes reportages. Maintenant, il faut juste qu'ils gardent l'esprit de "Stade 2".
Enfin "L'île de la tentation" est de retour sur W9. Que vous inspire le retour de ce programme que vous avez animé sur TF1 de 2005 à 2008 ?
Ca m'a fait bizarre. Je me suis dit : "Ca y est !". Je l'ai présenté pendant quatre ans. C'était l'âge d'or de l'émission. A l'époque, je trouvais le concept rigolo, frais et décalé. Aujourd'hui, je trouve que les émissions de télé-réalités sont beaucoup plus crues, beaucoup plus trashs. A côté, nous étions des enfants de choeur. Je me demande si le concept aujourd'hui ne risque pas d'être trop désuet.
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