Des journalistes de "Disclose" et Radio France convoqués par la DGSI après une enquête sur l'armée française

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Des journalistes de "Disclose" et Radio France convoqués par la DGSI après une enquête sur l'armée française
Par Ludovic Galtier Lloret Journaliste
Né en Isère entre le tirage de la première boule noire de l'histoire de "Motus" - "Oh-ohohohoh" - et la première visite de candidats à "Fort Boyard", Ludovic Galtier est journaliste à Puremédias depuis octobre 2021. Il est passionné par la politique, l'économie des médias et leur stratégie de programmation.
Sibyle Veil sur France Inter © Christophe Abramowitz - Radio France
Les trois journalistes sont convoqués après la publication, en 2018, d'une enquête sur des soupçons de trafic d'influence au sein de l'armée française.

Nouveau coup de pression sur les journalistes ? Benoît Collombat, grand reporter à France Inter, Jacques Monin, chef de la cellule investigation de Radio France, et Geoffroy Livolsi, co-fondateur du média d'investigation "Disclose", sont convoqués le mercredi 14 décembre, selon le Syndicat national des journalistes (SNJ), par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). Ils seront auditionnés dans le cadre d'une enquête ouverte pour "révélation ou divulgation d'information permettant l'identification d'un membre d'une unité des forces spéciales". Cette convocation fait suite à une plainte déposée avec constitution de partie civile par une personne dont on ignore l'identité.

"Déclenchée en 2021, la procédure vise directement les journalistes pour avoir révélé l'identité d'un membre d'une unité des forces spéciales", contextualise "Disclose", qui précise que le haut gradé évoqué - un responsable du Commandement des opérations spéciales (COS) - n'est pas en mission sur des terrains de conflit mais travaille dans les services de logistique. "Pour avoir dévoilé le nom du militaire, les trois journalistes sont passibles d'une peine de cinq ans de prison et de 75.000 euros d'amende".

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"Des tentatives d'intimidation contre les journalistes"

Leur "tort" ? "Avoir publié en mars 2018, des informations sur des faits de favoritisme dans des marchés publics au sein du ministère des Armées", a déploré le syndicat hier. "L'enquête publiée sur France Inter dévoilait, il y a bientôt cinq ans, documents à l'appui, que plusieurs hauts gradés avaient favorisé des sociétés privées dans l'attribution de contrats de transport militaire et ce, pendant plusieurs années, notamment dans le cadre de l'opération Barkhane au Sahel", relate le SNJ, pour qui ces trois journalistes "font un travail d'intérêt général sur des actions de l'État qui sont cachées au public".

Le SNJ s'insurge de cette convocation, qui n'est pas une première pour des enquêtes sur l'armée française. Des journalistes avaient subi le même traitement en 2019, rappelle-t-il, après avoir publié un document classé "confidentiel défense" portant sur les ventes d'armes françaises et leur utilisation dans le cadre du conflit au Yémen. "Disclose" est, par ailleurs, toujours sous le coup d'une enquête pour violation du secret de la défense nationale. Le média avait dévoilé, en novembre 2021, "des centaines de documents 'confidentiel défense' démontrant la responsabilité du renseignement militaire français dans l'exécution de centaines de civils en Égypte".

Pour Disclose, "c'est la troisième enquête des services de renseignement qui cible un de ses journalistes", précise le site fondé en 2018. Joint par l'AFP, le journaliste Geoffrey Livolsi a indiqué que "ces convocations sont une nouvelle tentative d'intimidation contre les journalistes enquêtant sur l'armée", le tout dans un contexte où les entraves à la liberté d'informer se multiplient ces derniers mois.

"Une criminalisation du journalisme"

Tel était le thème d'une soirée "pour la liberté d'informer" organisée ce lundi 6 décembre 2022 par Hervé Kempf, rédacteur en chef de "Reporterre", dans les locaux parisiens de la Bourse du Travail (Xe arrondissement) et à laquelle puremedias.com a assisté. Le journaliste-pigiste du média indépendant de l'écologie, Grégoire Souchay, a ainsi raconté avoir été poursuivi en justice après un reportage, réalisé en novembre 2021, sur une opération de désobéissance civile menée par des activistes anti-OGM dans un entrepôt de l'entreprise RAGT Semences, situé en Haute-Garonne. Arrêté par les gendarmes avec ces derniers, Grégoire Souchay a été assimilé à l'action qu'il couvrait sans distinction malgré la présentation de sa carte de presse.

Deux de ses collègues ont vécu ces derniers mois des expériences similaires alors qu'ils couvraient des actions de désobéissance civile sur les pistes des aéroports d'Orly et Roissy. "Ces signaux faibles inquiétants, cette criminalisation du journalisme, doivent donner lieu à une réaction", a espéré Benoît Collombat, présent à cette soirée.

Un appel entendu et relayé notamment par "Arrêt sur images" ainsi que les sites d'investigation "Reflets.info" et "Médiapart" - le directeur de la publication Edwy Plenel a conclu la soirée - deux médias confrontés ces dernières semaines à des procédures-bâillons menées par des représentants du pouvoir économique (Altice) et politique (le maire de Saint-Étienne, Gaël Perdriau).

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