Etienne Mougeotte livre cette semaine une interview bilan dans le supplément télé de L'Obs. L'occasion pour celui qui est aujourd'hui le patron de la station Radio Classique de revenir notamment sur son éviction du "Figaro" qu'il a dirigé de 2007 à 2012. Etienne Mougeotte a ainsi tenu à balayer la thèse selon laquelle son départ aurait été exigé par l'Elysée.
"Il faut inventer une nouvelle story"
"Le président de la République n'a pas demandé ma tête. Je ne suis pas socialiste mais je me garderai bien de dire : 'Hollande m'a tué'. L'actionnaire (Serge Dassault, ndlr) a souhaité mon départ car il estimait que j'avais fait mon temps", souligne-t-il. Interrogé par la suite sur le 'Hollande Bashing' dont se rendraient coupable les médias, Etienne Mougeotte a mis en cause le rôle des chaînes d'info en continu. "L'info en continu et cette nécessité absolue de dévoiler en permanence des histoires nouvelles posent question (...) Tous les matins, voire plusieurs fois par jour, il faut inventer une nouvelle story. Cela amène inéluctablement à taper à bras raccourcis sur l'exécutif. Hier, c'était le 'Sarkozy bashing', aujourd'hui, c'est le tour de Hollande" constate l'ancien patron de TF1.
"Je n'ai pas été capable de convaincre"
Surtout, Etienne Mougeotte commente pour la première fois le sort actuellement réservé à LCI. L'ancien vice-président du groupe TF1 fait son mea-culpa. "Cette histoire est une très grande leçon. Quand on est en position dominante, on s'imagine le rester toujours. Or tout ce qui peut arriver à un leader, c'est de perdre son leadership ! La preuve avec LCI qui a longtemps été la référence. La grave erreur a été de refuser plusieurs fois de faire passer LCI en clair, en 2005 et en 2012" explique-t-il.
Etienne Mougeotte assume sa part de responsabilité dans cet échec : "A titre personnel, je croyais en la TNT gratuite. Ma faiblesse a été de ne pas avoir réussi à faire valoir mon point de vue. J'ai ma part de responsabilité, bien sûr, parce que je n'ai pas été capable de convaincre, notamment Patrick Le Lay (le PDG de TF1 de l'époque, hostile à la TNT gratuite, ndlr). Mais voilà. Une fois qu'on est battu sur un arbitrage, on applique la ligne. Aujourd'hui, je suis triste, forcément, parce que j'aime LCI" conclut-il sur ce sujet.