

Depuis le début de l'affaire DSK, les langues se délient. Certaines femmes journalistes ont alors discerté sur les relations du leader socialiste avec elles lors de leurs entretiens pour leurs médias. On lisait même que Libération n'envoyait plus ses journalistes femmes seules pour interroger Dominique Strauss-Kahn.
Samedi dans Libération justement, trois rédactrices qui ont suivi l’ancien directeur général du FMI ont publié une tribune pour rétablir une certaine vérité à ce sujet. « Alors parlons clair : prétendre "qu’on ne peut envoyer une femme seule interviewer" DSK est factuellement faux. Et cette affirmation ne présume en rien de son innocence ou de sa culpabilité dans l’affaire du Sofitel new-yorkais (...) A Libération, au Monde ou au Parisien, chacune d’entre nous a eu l’occasion par le passé de le suivre pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, quand il était ministre des Finances, candidat à la primaire du PS ou tout nouveau directeur du FMI prenant ses fonctions. Que peut-on en dire ? Nos trois expériences se répondent. Aucun doute, l’homme était dragueur, souvent un peu lourd. Les invitations galantes ou les plongées dans les décolletés étaient un gimmick quasi obligé des débuts de conversation, comme une entrée en matière avant d’en venir au cœur du sujet, l’économie ou la politique. Mais jamais nous n’avons été ni agressées ni menacées. Qui peut douter une seconde que, si cela avait été le cas, nous n’aurions pas relaté l’affaire dans nos quotidiens respectifs ? » écrivent Nathalie Raulin de Libération, Virginie Malingre du Monde et Nathalie Segaunes du Parisien.
Cette semaine, bon nombre de journalistes, animateurs comme Laurent Ruquier ou politiques ont plaidé le « tout le monde savait ». « Bien sûr, les rumeurs de ses aventures d’un après-midi bruissaient dans les couloirs du ministère, largement relayées d’ailleurs par certains membres de son cabinet qui disaient le voir sortir de son appartement de fonction (où il n’habitait pas) le cheveu trempé après une douche salutaire. Donc oui, nous savions que DSK aimait le sexe et le libertinage. Est-il utile de le préciser ? Dans le monde politique français, il est loin d’être le seul témoignent ces trois journalistes ».
A celles et ceux qui dénoncent l'omerta de la presse française à propos du cas DSK, elles répondent : « Si nous l’avions cru, nous l’aurions écrit. Or, il n’y a jamais eu dans son comportement envers nous de quoi crier au scandale ni redouter une interview en tête-à-tête. Si nous avions subi ses assauts, nous nous serions fait un devoir de le clouer au pilori dans et hors de nos colonnes. Ce ne fut pas le cas. Car le rapport de force est finalement équilibré entre l’homme politique et la femme journaliste : il peut lui faire des avances. Elle peut (elle doit), si elle estime que la limite est franchie, le relater dans son journal. Nous ne nous sommes jamais trouvées dans une telle situation avec DSK. D’autres peuvent avoir des expériences différentes. Et même avec d’autres responsables politiques. Qu’elles le disent. La profession et les femmes dans cette profession ne s’en porteront que mieux ».