Germain Dagognet détaille la future chaîne info de France Télévisions

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Germain Dagognet détaille la future chaîne info de France Télévisions
Par Julien Bellver Rédacteur en chef

Co-rédacteur en chef de puremedias.com, Julien Bellver est diplômé de l'Institut Pratique de Journalisme (IPJ). Passionné par les nouvelles technologies et les médias, il a collaboré à plusieurs émissions...

Germain Dagognet, directeur délégué à l'information de France Télévisions.
Germain Dagognet, directeur délégué à l'information de France Télévisions.
Le numéro deux de l'information du groupe public a accordé un entretien exclusif à puremedias.com

Le compte à rebours a commencé pour le lancement de la future chaîne d'information de France Télévisions. Piloté par Germain Dagognet, ex de TF1, ce projet, qui associe Radio France, France 24 et l'INA devrait voir le jour en septembre prochain. Entretien avec le directeur délégué à l'information et en charge du projet à France Télévisions, qui dévoile en exclusivité pour puremedias.com les contours de la future grille de cette nouvelle offre.

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Propos recueillis par Julien Bellver.

puremedias.com : Le projet de chaîne d'informations de France Télévisions a été présenté vendredi en CCE. Comment a-t-il été accueilli ?
Germain Dagognet : Il y a des sujets qui font l'objet de discussions et c'est bien normal car ce sont les instances de dialogue social. Mais j'ai l'impression que l'ensemble des organisations qui représentent le personnel est pour ce projet. Chacun a dit qu'il était favorable à une offre d'info nouvelle au sein de France Télévisions.

La CGT a parlé de "chaîne low cost", le SNJ d'un "chantier mal parti"...
Cela fait partie des critiques qu'on nous adresse sur les moyens et je l'entends. Mais sur le principe, je sens beaucoup d'appétit.

Certains pointent du doigt le budget insuffisant. 6 millions d'euros pour le lancement et 18 en année pleine, c'est exact ?
Non, à ce jour, dans le budget 2016 a été provisionnée une enveloppe de 6 millions d'euros, cela ne préjuge pas du budget de 2017. Certains ont fait une extrapolation. Et puis cela dépend ce qu'on entend en termes budgétaires. Par exemple, France 24 va fournir l'antenne la nuit, de 0h à 6h. Si nous devions le faire à France Télévisions, cela aurait un coût. Ce coût est apporté par notre partenaire, cette valorisation doit entrer dans l'estimation de l'enveloppe globale.

"On ne part pas de rien. Il y a un réseau déjà en place, une rédaction, une valeur éditoriale"

Cela reste quand même largement inférieur à BFMTV, qui dépense presque trois fois plus. France Télévisions a-t-elle les moyens de ses ambitions ?
Elle veut avoir les moyens de ses ambitions ! Et c'est pour cette raison qu'on doit parler de l'ensemble des partenaires, Radio France, France 24, l'INA et peut-être d'autres à venir. On ne part pas de rien. Quand BFMTV se crée, tout est à construire. Ici, il y a un réseau déjà en place, une rédaction, une valeur éditoriale. Il faut se méfier des chiffres qui circulent...

Delphine Ernotte a toujours dit que cette chaîne ne coûterait pas plus d'argent à France Télévisions, ça veut dire qu'elle va se construire par redéploiement des salariés ?
Nous avons un objectif, on doit trouver a minima 50% des équipes par le biais du redéploiement. Mais quand je vois le nombre de candidatures spontanées que je reçois de tout le réseau, de la maison, ça me rend optimiste. Des dizaines tous les jours !

Il y aura des recrutements à l'extérieur ?
Nécessairement, oui. Dans un premier temps, on va regarder les profils internes qui se présentent à nous. Peut-être que tous ne correspondront pas. Puis on estimera ce qu'il est nécessaire d'aller chercher à l'extérieur.

Cela se fera à effectif constant pour le groupe France Télévisions ?
Il faut être prudent et attentif sur la masse salariale de France Télévisions mais il y aura des recrutements, c'est sûr.

Concrètement, comment seront réparties les forces entre France Télévisions, Radio France, et France 24 ?
D'abord, il est nécessaire de préciser qu'il s'agit d'une nouvelle offre d'information, même si tout le monde parle d'une chaîne. L'offre numérique, cela reste notre objectif principal. Si on fait ce projet, c'est parce qu'il correspond aux nouvelles façons dont on consomme de l'information. Le mobile est devenu, notamment pour les jeunes, un immense écran de télévision. Aux Etats-Unis, il y a plus de minutes passées devant le mobile que la télévision, il y a un tournant qui s'opère. On a donc construit un système hybride : un flux, qu'on retrouvera sur le smartphone et les tablettes, ainsi qu'une offre linéaire, via la chaîne. Ce sont deux canaux. Cela implique une nouvelle façon de raconter l'actualité.

"On veut beaucoup mettre en images les questions que se posent les journalistes au quotidien"

On réunit les forces du service public car on croit beaucoup au flambeau de service public, avec France Info et France 24 et l'INA. Ici, il y aura une équipe dédiée, un espace, au centre de la maison de l'information France Télévisions. Et puis il y aura une participation quotidienne des partenaires au contenu, sur les deux offres, linéaires et délinéarisées. Cela peut correspondre à un rappel des titres pour France Info, une interview le matin, un talk de sport. Pour France 24, cela sera la nuit mais aussi des modules consacrés à l'international en journée.

Concrètement, une émission qui existe sur France Info pourrait exister sur cette future chaîne d'infos en version télé ?
Oui, à condition de lui donner une forme télévisuelle broadcast et nouvelle. France Info travaille là-dessus pour rendre l'image produite dans ses studios au niveau des standards de la télévision. Cela leur permettra de faire les rappels de titres mais aussi les duplex inter-rédactions. On veut beaucoup mettre en images les questions que se posent les journalistes au quotidien sur les grands sujets de l'actualité, comment on les hiérarchise etc. On peut imaginer un duplex entre les rédacteurs en chef de France 24, France Info et ici.

"On va uniformiser sans gommer les marques"

Quand je vous écoute, j'ai l'impression que cette chaîne sera un immense patchwork. Toute cette offre sera uniformisée sous une nouvelle marque ?
On va uniformiser sans gommer les marques. Cela ne me dérange pas de dire qu'on est dans les studios de France Info pour les rappels de titres, c'est notre radio de service public. France 24 la nuit, ce sera un regard sur le monde que personne ne propose. Sur une partie du globe, c'est pendant la nuit que cela se passe et personne ne le traite ! Il y aura effectivement une identité commune, des codes couleur, on travaille là-dessus. On va coordonner plus qu'uniformiser. Mon objectif, c'est vraiment qu'on voie toutes ces marques ! S'il y a une info de France 3 Bretagne, elle sera présentée comme cela à l'antenne. Le réseau, les marques, on veut les mettre en avant. Leur identité commune, c'est le service public.

France TV Info va prendre toute sa part à ce projet ?
Oui, sur la partie délinéarisée. France TV Info va muter, évoluer, avec un apport en vidéos substantiel et une capacité à faire du breaking news. Dans l'appli, on pourra imaginer qu'elle se modifie en fonction de l'actualité. Même si notre ligne générale est de ne pas être dans la sensation ou l'émotion, le breaking news, ça existe !

Qui aura le final cut ?
France Télévisions, ici. Il ne peut pas y avoir deux managements éditoriaux.

Concrètement, comment sera construite la grille ?
Il y aura un journal à l'heure et à la demi-heure, c'est la pulsation de l'actualité. On prendra plus de recul dans les inter-JT avec des modules. Cela peut-être un journaliste devant un barco qui nous explique pourquoi le pétrole est passé sous les 30 dollars, c'est une mise en perspective. Cela peut-être une data sur la Syrie depuis 4 ans. Il y a toute une série de programmes plus ou moins courts qui viendront illustrer l'actualité. Et on va aussi essayer de réécrire le scénario du journal, pour être moins figé derrière un bureau. On doit trouver de nouvelles méthodes de narration, on ne doit plus écrire les sujets comme on le faisait il y a vingt ans. C'est là qu'on sera innovant.

Les téléspectateurs pourront interagir avec la rédaction ?
Oui, c'est très important, on veut être en prise constante avec notre audience. S'il y a des questions, on veut pouvoir y répondre, instaurer un dialogue. France TV Info a été l'un des premiers sites à faire ça, c'est un formidable instrument de dialogue. Les journalistes sont souvent suspectés d'être entre eux, dans leur tour d'ivoire. On veut être à la disposition de notre audience.

"Pour l'instant, nous sommes une petite start-up"

Vous regardez ce qui se fait ailleurs ?
Je reviens de San Francisco où j'ai observé ce que faisait Al Jazeera Plus (AJ+). Il y a ici des têtes chercheuses qui travaillent en permanence là-dessus. Pour l'instant, nous sommes une petite start-up. Hors des réunions d'ordre structurelles et c'est normal, c'est la foirée aux idées. Il y a beaucoup de gens du réseau et de la rédaction qui m'écrivent des projets. Il y a un vrai enthousiasme, ça phosphore beaucoup !

Cela fait longtemps que France Télévisions n'avait pas été portée par un tel projet ?
Le vent que fait souffler Delphine Ernotte sur cette entreprise et ce projet nous aide énormément. Ca décoiffe ! Les gens sont un peu décoiffés par l'énergie et l'envie qu'elle donne. Les salariés ont compris qu'il y avait une grande envie.

Une chaîne d'information de service public, cela veut dire que France 2 et France 3 ne basculeront plus en édition spéciale quand l'actu l'impose ?
Non ! Cela va dans les deux sens. Le vendredi 13 novembre, on a eu un peu de retard au démarrage sur France 2, l'exemple de TF1 qui a basculé sur LCI, il faut s'en inspirer, cela a bien fonctionné. Le lendemain, si France 2 se met en breaking news, on ne fera pas deux éditions spéciales, on mutualisera ! Si Pujadas fait une spéciale, on ne produira pas une spéciale supplémentaire. Ce sera au cas par cas.

Donc il n'y aura pas de priorité à la chaîne info...
Il faut que le service public soit présent sur l'événement, d'une manière ou d'une autre. Il ne faut pas disperser ses forces, quand un événement est fort et unique. Produire deux signaux concurrents, on disperse les troupes. On peut parfaitement imaginer David Pujadas sur le plateau de la chaîne info pour une édition spéciale.

Avez-vous déjà choisi le nom ?
Non, pas encore. Il y a une étude de marques en cours. Cela fait partie des chantiers, tout est ouvert.

Serez-vous prêts en septembre, comme l'exige Delphine Ernotte ?
On veut démarrer en septembre. C'est un défi incroyable, avec une grande actualité, notamment les primaires en novembre.

La France sera le seul pays à compter 4 chaînes d'infos sur la TNT nationale. Il y aura des morts ?
Non, je ne pense pas. Nous, il n'y aura pas de publicité donc on ne leur prendra rien. On se différencie car ce sera une offre mobile first, ce qui n'est pas le cas de nos concurrents.

Au-delà de l'aspect publicitaire, vous pensez qu'il y a un public pour 4 chaînes d'info gratuites ? Dans le reste de l'Europe, l'audience cumulée des chaînes publiques et privées d'info n'excédait pas 3,1 % en 2014, selon une étude du CSA...
Oui. Aux Etats-Unis, beaucoup de chaînes n'ont pas de diffusion hertzienne : Vox, AJ+. Quand Obama va sur Vox, ce sont des millions de vidéos vues. On est à un tournant ! Ces chaînes, on ne les compte par alors qu'elles font partie du paysage. Il y a largement de la place pour tout le monde.

"La TNT, c'est important pour exister au départ et avoir de la puissance au démarrage"

Pourquoi alors vouloir à tout prix alors un canal sur la TNT ?
Parce qu'on est dans une époque où la télévision trouve sa diffusion de façon plus classique que ce que nous dit l'avenir. La TNT, c'est important pour exister au départ et avoir de la puissance au démarrage. Et pour diffuser au plus large public possible.

Quelles sont vos options ? Supprimer France Ô, France 4, préempter le canal de Numéro 23 s'il se libère ?
Tout est à l'étude, on discute avec notre actionnaire, l'Etat. Il y a de multiples scénarios possibles.

Les visages de l'info, vous irez en chercher de nouveaux à l'extérieur ?
Des talents, on en a pas mal ici. On va valoriser les visages de France Télévisions, les talents de France 24 et France Info. On privilégiera dans un premier temps notre richesse interne.

Mais ce sera sans Claire Chazal, avec qui vous avez travaillé à TF1, désomais sur le service public, mais qui ne veut plus faire de journaux...
Oui, elle a tourné la page du JT, mais j'espère qu'elle viendra nous dire bonjour ! On en a parlé, je suis resté proche d'elle. Elle a commencé hier sur France 5, c'est formidable qu'elle soit sur le service public, pour défendre ce qu'on faisait ensemble dans les journaux : la place de la culture à la télévision. Un JT de culture tous les soirs, c'est formidable pour elle.

Vous qui avez connu TF1 pendant longtemps et le service public depuis quelques mois, quelles différences fondamentales avez-vous observées ?
Un journaliste reste un journaliste. On parle souvent des lourdeurs du service public. Je trouve qu'on dit beaucoup de choses injustes à ce sujet, c'est une maison dynamique. J'ai la chance de porter un projet donc cela crée une émulation fantastique.

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