Stéphane Rotenberg : "J'ai failli refuser Pékin Express"

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Stéphane Rotenberg : "J'ai failli refuser Pékin Express"
Stéphane Rotenberg
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Entretien avec l'animateur de "Pékin Express".

Stéphane Rotenberg
C'est ce soir que M6 donnera le coup d'envoi de la cinquième saison de Pékin Express. Cette fois, les candidats retournent en Amérique du Sud pour emprunter "la route du bout du monde", qui les conduira jusqu'à Ushuaïa, la ville la plus au Sud de la planète. Et aux commandes du jeu d'aventures, on retrouve une nouvelle fois Stéphane Rotenberg, qui était lundi dernier encore en prime-time sur M6, avec la finale de Top Chef.

A l'occasion du retour de Pékin Express, Stéphane Rotenberg a accordé un entretien à Ozap, dans lequel il parle des coulisses de l'émission, de sa relation compliquée au programme, et du fait que chaque année, il est content que ça se finisse. Mais l'animateur de M6 s'exprime également sur ses choix de carrière, son manque d'esprit stratégique et sa relation avec la direction de M6. Il évoque également ses envies, et notamment l'intérêt qu'aurait pour lui l'animation d'un jeu télé. Entretien.

« On était content que ça se finisse »



Quand on vous a proposé cette cinquième saison, vous avez dit oui tout de suite ?
C'est compliqué, car quand je rentre après avoir fini une saison, je suis content que ça soit fini. A chaque fois c'est comme ça. Mais je me connais, et on se connaît tous. C'est vrai pour 90% des personnes qui font ce programme. Passés un ou deux mois, c'est bon, l'envie revient, donc on est toujours content de repartir. Même si on sait ce qui nous attend et même si on sait que ça ne sera jamais facile - parce que Pékin Express ça n'est jamais facile.

Dans l'ensemble, comment c'est déroulé cette saison ?
Difficilement, comme a chaque fois. C'est-à-dire que vraiment c'est un rapport compliqué que l'on a à ce programme. C'est fascinant à faire, c'est fabuleux à faire et je crains hélas que cela soit fabuleux justement parce que c'est dur. Ce n'est vraiment pas un « robinet d'eau tiède ». Malheureusement, après cinq ans, on n'arrive même pas à être dans une routine où on se dit que l'on maîtrise et que l'on va savoir a peu près ce qui va se passer. On sait qu'à un moment ça va exploser, mais on se sait jamais quand. On sait que ça va être difficile, mais on se sait jamais quand. Là, d'entrée de jeu, il y a déjà eu des problèmes techniques puisqu'on avait nos caméras bloquées aux douanes, donc pas de matériel. Cette année encore quand ça s'est fini, on était content que ça finisse ! En revanche c'est vrai, quand on est rentrés, que l'on avait tout en boîte, on s'est dit « là on a vraiment quelque chose ».

« Pékin Express est condamné à très bien marcher »



C'est différent de l'année dernière sur ce point ?
L'an dernier, en rentrant, je me suis dit « la route est extraordinaire ». Mais malgré tout, on se posait des questions. On sentait qu'on avait des épisodes très forts, d'autres un peu moins. Et finalement, craintes non justifiées, puisque ça été très très bien. C'est vrai qu'il y a un risque, parce que c'est un programme qui coûte tellement cher que, ce n'est pas qu'il est condamné à bien marcher, mais à très bien marcher ! En plus la chaîne ne peut pas commander seulement trois épisodes, elle prend forcement toute la saison. Et cette année, même si je ne veux pas me porter malheur, on sait qu'on a des épisodes énormes, on sait qu'on a des séquences incroyables, que les candidats sont faramineux, certains que les gens vont adorer, d'autres qu'ils vont détester.

Comment travaillez-vous sur place, quel est votre emploi du temps ?
Il y a en général, sur une étape, entre douze et quatorze plateaux. Donc il faut trouver les lieux pour les tourner, les préparer et les réaliser. Cela prend en moyenne trois jours. Ensuite, il y a les circonstances de course qui jouent. C'est à dire que s'il y a un événement précis, il faut y aller, si il y a quelque chose qui me plaît, on y va. En plus il y a Pékin Express : l'aventure continue, que je coproduis, que l'on a mis en place depuis l'année dernière en deuxième partie de soirée et pour lequel il faut trouver pleins de petits sujets coulisses etc… Je suis autonome, j'ai mon cameraman, mon preneur de son, mon traducteur et mon chauffeur, avec des téléphones satellites reliés entre nous, et avec ça je mène ma barque. Tout ce que je sais, c'est que j'ai un plan de travail, un minimum garanti, et mine de rien on ne chôme pas !

« Face à Dr House, on va au feu, c'est évident »



Vous avez une vraie affection pour le programme, mais est ce que vous vous dîtes que vous resterez forcement jusqu'au bout de l'aventure ?

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On ne sait jamais. J'y passe un temps fou de ma vie, c'est une vraie tranche de vie. Il y a le programme, mais il y a aussi l'après, je pose ma voix sur le programme, il y a une quantité de choses à faire. Aujourd'hui ça me va très bien mais peut-être qu'avec le temps je me dirais que le temps consacré au programme est disproportionné. Pour l'instant ça va très bien. Je pense que la j'ai très envie d'une éventuelle saison 6. On n'y est pas, mais si l'audience est bonne j'ai très envie de cela. En revanche, je pense que le jour ou je partirai en me disant « j'ai pas envie », ça voudra dire attention. C'est trop dur comme programme pour ne pas y aller vraiment à fond.

Pékin Express est diffusé en face du Dr House de TF1, qui a déjà fait beaucoup de mal aux audiences de la Nouvelle Star. Est-ce que ça vous fait peur ?
On va au feu, ça c'est évident. Ca va être compliqué. L'année dernière, on était face à une concurrence très forte, c'était Les Experts. Bibiane (Godefroid, directrice des programmes de M6, ndlr) m'a dit une fois « C'est le programme qui résiste à tout ». Je ne sais pas si elle a raison, mais du coup nous avons cette réputation et donc on nous envoie au feu. De toute façon, on aura la réponse très vite. La seule chose qui me réjouit c'est que le mardi soir, les enfants nous regardent et que Pékin Express est un programme très large dans son public, mais il y a aussi et surtout beaucoup d'enfants. Donc on a peut-être la chance que les enfants soit un peu prescripteurs et demandent à leurs parents qu'exceptionnellement, ils puissent regarder le programme. S'il y a la possibilité de passer avec ce levier-là, entre autres, c'est important.

« Je n'ai pas de réflexe stratégique »



Alexandre et Stéphane Rotenberg dans
Vous êtes un animateur très occupé. En plus de Pékin Express vous animez Top Chef, des programmes sur W9… Êtes-vous boulimique de l'antenne ?
Non, je fonctionne à l'envie. En revanche, je reconnais que je n'ai pas de réflexe stratégique. Si jamais ça me fait envie, je ne réfléchis pas et j'y vais. Quand je n'ai pas envie, c'est beaucoup plus compliqué. Mais comme j'aime beaucoup la télévision et que j'attache une grande importance à varier les genres, je n'aimerais pas être enfermé dans un emploi d'animateur. Donc dès que j'ai la possibilité de faire des choses un peu différentes, je le fais. L'étiquette de baroudeur me gênait un peu. Je suis un voyageur, je n'ai pas peur, d'accord, admettons, mais je ne suis pas un baroudeur. N'être que ça m'aurait embêté, donc c'est vrai que j'aime bien faire bouger les lignes.

Vous avez plutôt bien réussi à faire bouger les lignes...
Oui, c'est vrai qu'en ce moment, les émissions marchent, donc on me propose des choses. Mais je connais trop bien ce métier pour savoir que ça durera le temps des cerises et que tout ça n'est pas gravé dans le marbre. C'est fragile. D'ailleurs, il y a quelques années, ça n'était pas le cas. Il y a eu un moment entre la fin du Bachelor et le début de Pékin Express où il n'y avait pas grand-chose qui se profilait à l'horizon. Si Pékin Express n'avait pas marché, je pense que je ne serais pas là aujourd'hui, ou en tout cas pas sur M6. Mais je n'ai pas tellement mal vécu cette période car j'étais producteur et je gagnais très bien ma vie a côté, donc je n'ai pas eu de vache enragée du tout, puisque professionnellement ça marchait très bien. Mais j'ai bien vu que l'antenne était à un niveau limite et Pékin Express est parti, et les autres émissions ont suivi. Aujourd'hui, ça fait cinq ans, et c'est de l'histoire ancienne. Mais je sais que j'ai failli refuser de présenter l'émission en plus, mon premier réflexe a été de dire non. Et c'est le producteur, Alexandre de Gémini, qui m'a convaincu à l'époque de le faire.

« Un jeu ? Franchement, ça m'intéresserait ! »



M6 va lancer de nouveaux programmes prochainement, dont une télé-réalité sexy, et on parle d'une nouvelle version du jeu Que le meilleur gagne. Vous a-t-on proposé de les présenter ?
Honnêtement non !

Et est-ce que ça vous tenterait, vous qui aimez justement varier les genres ?
J'avoue que je ne connais pas du tout le programme de télé-réalité sexy, donc je ne peux pas vous en parler. Les jeux, en revanche, oui, franchement ! J'ai fait un pilote de jeu il y a deux ou trois ans, un jeu en plateau classique. Mais j'ai fait aussi un ou deux pilotes de gros jeux de prime donc je connais ça, et je dois dire que ça m'avait beaucoup amusé. Avant de faire les pilotes je me disais « mais quel intérêt de faire ça ? », et en fait, pour un animateur, c'est extrêmement amusant et très gratifiant, ça dépend quel jeu j'imagine. Je crois savoir que Christophe Dechavanne avait les même rapports compliqués aux jeux avant d'en faire. Au départ, il avait dit que ça ne l'intéressait pas, et au final ça l'amuse beaucoup. Pour un animateur il y a un vrai espace. Il y a une mécanique, très importante surtout dans les jeux modernes, mais aussi un espace de liberté incroyable. Regardez ce que fait Lagaf' par exemple. C'est plus qu'un animateur, il a un univers à lui, et il a un espace de liberté qui est absolument faramineux. Regardez Dechavanne aves ses jeux. C'est une mécanique des plus élémentaires, j'allais dire des plus bêtes : on tourne une roue, on dévoile des lettres et voilà ! Et pourtant, regardez ce qu'il fait autour. Un jeu, pour un animateur, c'est vraiment très intéressant. Maintenant, je dois reconnaître que vu mon emploi du temps, je ne vois pas comment je pourrais présenter une quotidienne. Un jeu quotidien, c'est environ 220 numéros dans l'année, donc même avec la meilleure volonté du monde, je ne vois pas comment je pourrais faire.

« M6 et W9 me font régulièrement des propositions »



Stéphane Rotenberg

Comment ça se passe en terme de discussion de carrière entre vous et la direction de M6 et de W9 ?
Ce sont de vraies discussions, régulières. On se voit beaucoup. C'est facile et d'autant plus sur W9 où j'ai commencé la présentation après seulement huit mois d'existence de la chaîne, donc je connais les gens depuis le début. On me fait régulièrement des propositions, mais il y a un moment où physiquement je ne pourrais plus tout faire. Ils savent ma volonté de faire des choses différentes et aujourd'hui c'est plus facile qu'avant, quand les programmes étaient linéaires pour une saison. On faisait soit des primes, soit des hebdos, soit des quotidiennes… Aujourd'hui, sur TF1 et sur M6, pas tellement sur le service public et je pense qu'ils on tort, ce sont des collections. Donc nous sommes basés sur 5, 6, 10 primes, et ça permet de beaucoup changer. Donc quand Top Chef s'arrête par exemple, je peux faire Pékin Express et quand ça s'arrête je peux faire Un dîner presque parfait : le combat des régions. Sur W9 pareil, quand Le convoi de l'extrême s'arrête, je peux faire autre chose.

En termes de carrière, comment estimez-vous les choix que vous avez faits toutes ces années ?
Cela va faire dix ans à la fin de cette année, mon premier prime c'était en mai 2000 pour Normal ou Paranormal. J'ai eu de la chance que cela fonctionne, sinon on m'aurait éjecté tout de suite après. J'étais en magazine sur ce programme, et en même temps en talk sur le câble sur Match TV. Les choses ont progressivement glissé plus vers le divertissement à contenu, mais c'est le succès des émissions qui m'a emmené là-dessus. Cela pourrait peut-être rebasculé maintenant.

« Chez M6, on gagne beaucoup moins bien sa vie qu'ailleurs »



Ca vous dirait d'animer un talk-show ?
C'est évident que les talk-shows, c'est toujours très amusant, tout le monde veut en faire, etc… Mais moi je ne voudrais pas en faire un sur des chaînes hertziennes bizarrement. J'adorais les faire sur des chaînes du câble ou la pression d'audience est quand même moins forte. C'est un genre qui m'a bien plus mais il y a aussi d'autres choses. C'est comme les comédiens, quand ils sont tragédiens ils veulent faire de la comédie et inversement. L'insatisfaction est le moteur de la vie et a fortiori dans notre métier. Il faut que j'analyse la situation, vraiment. Ca a été une telle frénésie que je n'ai pas eu le temps de me poser pour regarder derrière. Pour l'instant je continue à avancer. (Silence) Vous êtes dur de me faire regarder derrière ! Mais vous avez raison il faut que j'y pense. Mais je vous promets que je vais y réfléchir et que ça va me plomber le moral (rires).

Est ce que vous avez peur, à l'instar d'Emmanuel Chain, qui a récemment fait son retour sur TF1, d'être étiqueté à vie comme un animateur M6 ?
Dominique Cantien disait « il faut 10 ans pour faire un animateur », un animateur de prime en tout cas, et il a peut-être raison. C'est vrai que c'est une aventure longue maintenant avec M6. Et c'est encore plus long que ça, car avant d'être animateur j'étais reporter pour M6, ensuite je suis parti à France 2 pour un poste à responsabilités, puis je suis revenu à M6 pour la présentation. Donc j'ai déjà quitté M6 une fois. Pour l'instant, le management est le même sur M6, Thomas Valentin est donc mon patron depuis 10 ans, et c'est quelqu'un de constant, il n'a pas changé d'avis sur ce qui me concerne. Ce qui est agréable c'est qu'on me dit les choses franchement, c'est très rassurant. C'est vrai que chez M6, il y a quelques inconvénients. En étant très pragmatique on gagne beaucoup moins bien sa vie qu'ailleurs par exemple, même si l'avantage quand on est animateur c'est que l'on gagne quand même très bien sa vie. Je ne veux pas faire pleurer dans les chaumières ! Mais il y a une réalité économique qui fait que sur les chaînes d'en face et sur le service public, on gagne beaucoup plus, donc c'est un paramètre. Maintenant il y a d'autres éléments, comme la confiance. Du coup c'est important, c'est un lien fort. Je ne crois pas que ça soit manquer d'ambition, car c'est très dur de garder tout ça, et on se rend compte de ce que l'on perd si on s'en va, c'est vraiment quelque chose de tangible. C'est très facile pour moi de monter chez M6, de taper à la porte… Il y a un rapport très particulier, c'est une très grosse chaîne mais on se sent encore comme une véritable équipe. Au début on était 180, aujourd'hui on est 3000.

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