

Rampe de lancement, reconnaissance de l'industrie ou simple vitrine, les Victoires de la musique restent la grande messe de la chanson française pour la majorité des artistes. Beaucoup seront présents ce vendredi 14 février à la Seine Musicale de Boulogne-Billancourt pour se produire sur scène ou/et ramener un trophée de cette quarantième cérémonie, toujours présentée par Cyril Féraud et Léa Salamé. Avec quatre nominations, dont celle de la meilleure chanson originale pour "Recommence-moi", Santa est la représentante la plus citée, elle qui était rentrée bredouille et "dégoûtée" des "NRJ Music Awards". La grande gagnante de l'édition précédente, Zaho de Sagazan, la chanteuse pop Clara Luciani, les révélations Pierre Garnier et Aliocha Schneider, le duo électro Justice font aussi partie des noms qui reviennent en tête des paris. Tous espèrent décrocher la timbale, alors que nombre de leurs homologues ont abandonné cette idée.
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Mylène Farmer, Bénabar, Marc Lavoine, Lomepal ont en effet décidé de boycotter une remise de prix trop commerciale à leur goût. Dernier à l'avoir critiquée, Pascal Obispo l'a dépeinte comme "un dîner de cons" à laquelle il ne se rendrait plus. "Je suis contre la compétition entre artistes ! […] C'est de la connerie tout ça", a-t-il estimé cette semaine au micro de Thomas Isle sur Europe 1. Après trente ans de carrière, il refuse cette course à la récompense, lui qui n'en a obtenu qu'une en 2004 pour le spectacle musical "Fanlive". Selon lui, les dés sont pipés depuis qu'il est monté sur scène pour "Lucie" sans obtenir de prix. "Bien sûr que c’est truqué... Arrêtez... Je sais que c’est truqué donc c’est tout... C’est comme ça. Bon voilà. Mais c’est bien, ça fait une émission, ça fait une cérémonie", a-t-il martelé sur les ondes.
Marc Lavoine n'est pas loin de partager le même avis que son confrère. Estimant ne pas avoir "la carte" du fait de ses origines banlieusardes, l'interprète de "Elle a les yeux revolver" a demandé aux organisateurs de la cérémonie de ne plus lui envoyer de carton d'invitation. "Par rapport au petit milieu parisien, je me sens comme un Portugais. C'est la raison pour laquelle je ne vais pas aux Victoires de la musique. J'ai même demandé qu'on me raye de la liste. Un petit groupe de gens qui votent entre eux, dans leur coin, cela ne m'intéresse pas", avait-il notamment déclaré au "JDD" en octobre 2023. La conséquence d'une amertume née après l'édition 2013, à l'issue de laquelle il était rentré perdant.
Entre 2004 et 2007, Bénabar a, lui, été sacré à trois reprises aux Victoires de la Musique. Mais comme ses camarades, il a pris ombrage de cet événement qu'il trouve "injuste". Sur RTL, l'homme chantant "Le Dîner" n'avait pas mâché ses mots : "Tous ces gens qui prétendent faire la pluie et le beau temps, qui ne font que tricher sur la météo, qui ne sont qu'entre eux. Là, c'était tellement visible. Les Victoires de la Musique est une cérémonie corrompue, tout le monde le sait". Cet entre-soi l'écoeure. "Pour être primé maintenant, il faut négocier en sous-main pendant six mois avant, donc ce n'est pas possible que je le sois", avait-il réitéré dans le studio d'"En aparté" sur Canal+.
Et si Sylvie Vartan et Eddy Mitchell iront chercher une Victoire d'honneur à l'occasion de cette 40e édition, Mylène Farmer, récompensée lors des vingt ans du show, ne remettra pas plus un pied sur l'estrade. L'icône mystérieuse conserve un souvenir désagréable de son expérience en 1988, malgré son titre d'artiste féminine de l'année. "J'ai passé des heures en coulisses pour les répétitions de cette soirée télévisée. Tout le gratin du show-business était là et ces gens m'ont écoeurée. Ils se détestent tous. J'étais triste d'avoir été récompensée et reconnue par ces gens-là. Ce sont les victoires de l'hypocrisie ! J'ai failli m'enfuir, mais je suis restée pour faire plaisir aux gens qui regardaient l'émission. Ils n'auraient pas compris", avait-elle expliqué dans les pages du magazine belge "Télémoustique". C'est à son domicile qu'elle avait entendu son nom cité pour recevoir son prix en 2005.