
L'ambition était grande : réunir politique, science et médias autour de la question cruciale de la protection des océans. Ce mardi 10 juin, France 2 diffusait en prime time "Urgence Océan : un sommet pour tout changer", en parallèle du sommet des Nations-Unies sur les océans organisé à Nice. Aux commandes de l'émission : Léa Salamé et Hugo Clément, face à un invité pas comme les autres, le président Emmanuel Macron. Mais la discussion a vite viré à l'affrontement.
Alors qu'était abordé l'impact de la fast-fashion sur la pollution marine, Hugo Clément a interpellé le chef de l'État sur un sujet sensible : la récente nomination de Christophe Castaner, ancien ministre de l'Intérieur, comme conseiller stratégique chez Shein en décembre dernier. Le géant chinois de l'ultra-fast fashion est régulièrement accusé de graves violations des droits humains et de désastre écologique. "Les politiques aussi, monsieur le Président, ont leur rôle à jouer. Qu'est-ce que vous dites à cet homme que vous connaissez bien (…) qui travaille pour Shein ? Il n'y a rien qui vous gêne ?", a lancé Hugo Clément, image de Christophe Castaner à l'appui.
Visiblement agacé, Emmanuel Macron a coupé court : "C'est un peu nul ce que vous faites, non ? Par rapport au débat (...) Il a été ministre de l'Intérieur il y a X années, c'est un homme libre, il a donné beaucoup de son temps à la chose publique" a-t-il argumenté, rappelant que ce dernier présidait aussi le Grand Port de Marseille, engagé selon lui dans un processus de décarbonatation. "Je ne lui en ai pas parlé parce que c'est sa vie c'est la mienne. C'est pas parce qu'il est chez Shein que ça changera quelque chose au schmilblick".
Le ton est monté entre les deux hommes, Hugo Clément tentant de pointer une contradiction dans le discours présidentiel : alors que le Sénat vient d'adopter une proposition de loi contre la fast-fashion, un proche du président rejoint une entreprise qui incarne ses excès. "Si vous voulez mettre des gens au pilori, vous passez son image à l'écran", a poursuivi le président. "Je le mets pas au pilori, c'est légitime de poser la question" rétorque le journaliste.
"On a une Haute autorité de la transparence de la vie publique. En France pour tous les ministres, parlementaires, maires, c'est très compliqué de retrouver une vie normale pour eux dans leur secteur d'activité et pour beaucoup d'entre eux compliqué de trouver un job", justifie le Président. "Je n'ai pas eu de discussion avec lui, et donc je ne suis pas là pour le juger lui. Je ne suis pas là rentrer dans ce débat un peu stigmatisant et un peu personnel. Je trouve que les débats méritent mieux que ça. Je n'aime pas ces méthodes, je vous le dis", conclut-il. Puremédias vous propose de visionner la séquence dans la vidéo ci-dessus.
Alors que la proposition de loi visant à freiner la fast-fashion, adoptée à l'Assemblée nationale en mars 2024, arrivait au Sénat début juin, le géant chinois Shein était accusé d'avoir déployé une vaste stratégie de lobbying pour en atténuer la portée. En plus de Christophe Castaner, qui siège dans son "comité de responsabilité sociétale", le groupe a notamment recruté plusieurs figures françaises, dont l'influenceuse Magali Berdah, pour dénoncer publiquement le projet de loi.
Moins de 10% du public devant France 2
Mardi soir, la présence Emmanuel Macron durant plus d'une heure sur France 2 n'a pas suffi à faire décoller les audiences du programme, qui a rassemblé 1,57 million de téléspectateurs entre 20h20 et 22h48. Cela correspond à 9,1% du public âgé de 4 ans et plus et 7,7% des FRDA-50. La deuxième partie de l'émission, diffusée de 22h48 à 23h49, a conservé l'attention de 758.000 téléspectateurs, soit 7,3% du public et 3,9% des FRDA-50. La semaine dernière à la même heure, la Deux avait proposé une émission spéciale autour de la santé mentale, animée par Faustine Bollaert et Jimmy Mohamed. "Mieux dans ma tête - Parlons santé mentale" avait intéressé 1,20 million de téléspectateurs entre 21h09 et 22h40 (soit 6,6% du public présent devant sa télévision et 7,0% des FRDA-50).