
"Une rencontre comme ça dans le travail, c'est impossible. Ça n'existe pas". Ce jeudi 3 juillet un peu après 8h, Léa Salamé a fait ses adieux à la matinale de France Inter, à laquelle elle participait depuis 10 ans, et a rendu un vibrant hommage à Nicolas Demorand, son ami et co-animateur du "7/10". La journaliste, qui était arrivée sur la tranche en 2014 pour des interviews avant d'en prendre les commandes en 2017 sera à la rentrée prochaine le nouveau visage du "20 Heures" de France 2, prenant la suite d'Anne-Sophie Lapix. Mais elle l'assure, "Inter restera (sa) maison. J'y reviendrai si vous voulez encore de moi, je vous le promets", a-t-elle conclu en rendant l'antenne ce jeudi matin.
"Comment vous dire combien je redoutais ce moment, combien je redoutais de dire au revoir à cette matinale que j'aime tant, à toi, Nicolas. Et c'est la première fois que je vais te tutoyer à l'antenne, et la dernière, à cette équipe, à cette rédaction formidable. À vous, auditeurs, combien tout cela est une épreuve pour moi parce que c'est une page de plus de dix ans que je tourne ce matin", a commencé Léa Salamé, qui a évoqué "la plus belle expérience professionnelle de toute sa vie", remerciant d'abord les auditeurs de la station. "Je n'avais ni les codes ni le style d'Inter, peut-être peut-on dire que je n'étais pas exactement votre came", a-t-elle poursuivi à leur intention avant d'ajouter : "Mais vous m'avez laissé grandir, m'adoucir, changer, couper moins la parole, vous m'avez apprivoisé et parfois, je me dis même que vous m'avez peut-être adoptée. Alors je vous le dis ce matin, du fond du cœur, merci".
Après avoir tour à tour remercié les journalistes de la rédaction, l'équipe de la matinale, ses patrons (anciens et actuels), la journaliste s'est alors tournée vers son binôme, Nicolas Demorand. "Mon dernier mot, il est pour toi Nico. Une rencontre comme ça dans le travail, c'est impossible. Ça n'existe pas. On ne se connaissait pas il y a huit ans, on s'est jaugé, on s'est reniflé, on s'est apprivoisé, et puis très vite, on s'est aimé. Qu'est-ce que j'ai appris avec toi, qu'est-ce qu'on a parlé aussi, qu'est-ce qu'on a ri, qu'est-ce que j'ai aimé faire et refaire les interviews la veille pour le lendemain avec toi au téléphone et nous retrouver tous les matins aux aurores pour échanger, et échanger encore. Et ce livre, ton livre, qui a bouleversé des milliers de gens et que j'ai vu naître en regardant par-dessus ton épaule, ton courage a été inouï, tu as changé le regard sur la santé mentale en France, mais je te le répète encore à ce micro ce matin, tu n'es pas que ça, Nico, tu n'es pas que bipolaire, tu es aussi un des mecs les plus profonds et les plus érudits que j'ai rencontré dans toute ma vie. Je t'aime, merci pour tout, merci pour tout ce que tu as apporté à ma vie, pour le supplément d'âme et d'humanité". Une séquence touchante que Puremédias vous propose de réécouter en tête d'article.
Au moment de reprendre la parole, la voix de Nicolas Demorand, tremblante d'émotion, s'est brisée. "Merci pour tout Léa, pour la grâce, pour la générosité, pour le rire, pour les colères, pour les coups de cœur, pour les fulgurances, pour tout ce qui fait que tu es toi, puissante, aimante, douce. Mon amie, je préfère m'arrêter là, et juste dire à quel point tu vas me manquer. Ça va être dur". À la rentrée, il fera équipe avec Benjamin Duhamel, qui arrive tout droit de BFMTV. "Un journaliste brillant, en plus d'être un mec bien", a loué celle qui lui a laissé la place ce matin.
Alors que Léa Salamé avait préparé sa dernière interview de 9h20, son invité, l'écrivain Cédric Sapin-Defour, n'est jamais arrivé dans les studios de France Inter. Et pour cause, toute l'équipe de la matinale avait préparé une surprise à la journaliste reine de l'exercice. C'est Charline Vanhoenacker qui a fait l'interview "de sa matinalière préférée" avec tout le piquant qu'on lui connaît. "Si vous étiez un tabouret, un camembert et une affaire judiciaire impliquant Nicolas Sarkozy, vous seriez qui, vous seriez quoi ?", a ainsi commencé l'humoriste belge, sous les rires du studio.


