

15 ans après sa dernière émission de libre antenne, il revient. Franck Bargine, connu de tous sous le nom de Max, a connu la gloire à la fin des années 1990 sur Fun Radio, où il animait la cultissime "Star System", une émission de libre antenne qui pouvait parfois durer jusqu'au bout de la nuit dans un esprit de bande et de liberté totale. Alors quand le groupe RMC lui a proposé de participer au lancement de sa nouvelle radio digitale RMC Gold, qui surfe sur la nostalgie des années 80-90 et de reprendre le micro pour une libre antenne nocturne, il n'a pas hésité longtemps. À l'antenne depuis le 2 avril avec une équipe qu'il a voulu "jeune" pour rester dans l'air du temps, le passionné de 55 ans a déjà retrouvé ses "automatismes", comme il l'a confié à Puremédias.
Propos recueillis par Léa Stassinet
Puremédias : Cela fait presqu'un mois que "La libre antenne de Max", diffusée du lundi au jeudi de 22h à minuit sur RMC Gold, a débuté. Comment vous vous sentez ?
Max : Malade, pas bien, fatigué... (rires). Non, sérieusement je suis au top parce que je m'éclate et je retrouve mes automatismes. Plus les jours passent, plus je retrouve des automatismes. D'ailleurs, c'est ce que me disent les auditeurs, les gens qui m'entourent, même les gens en interne. Entre la première semaine et maintenant, c'est pas que ça n'a rien à voir, mais ça commence à atteindre sa vitesse de croisière. Et puis il a fallu trouver des automatismes avec l'équipe aussi, parce que je me suis entouré de deux personnes qui ne sont pas de ma génération (le réalisateur de l'émission, Yanis, a 27 ans et la standardiste, Julianna, 21 ndlr). J'avais envie de retravailler avec des gens jeunes comme à l'époque quand on était à Fun Radio. Donc il faut apprendre aussi à se connaître parce que ça s'est fait assez rapidement. Il faut qu'ils rentrent dans mon univers et je sais que c'est pas simple... Ça va un peu vite le soir. (rires)
Y a-t-il déjà eu des ajustements dans l'émission durant ces premières semaines ?
Je fais des choses que je ne m'étais pas permis de faire au départ, comme par exemple de déborder après minuit, de commencer à mixer, mettre de la musique ambiante comme à l'époque. Donc tout ça, ça se met en place et sans se forcer, sans me dire que parce que je faisais ça à l'époque, il faut que je le fasse maintenant. Ça me revient naturellement.
Les premiers soirs, les auditeurs avec qui vous avez échangé ont eu de très jolis mots pour vous, beaucoup ont évoqué la libre antenne de Fun Radio et cette émission qui les a accompagnés durant des années. Est-ce que vous aviez conscience d'avoir marqué à ce point une génération ?
En fait, une fois que les émissions se sont terminées sur Fun Radio (il a quitté la radio du groupe RTL en 2006, ndlr), je n'en avais pas tellement conscience, parce que je suis passé à autre chose. Mais depuis 10 ans environ, pas mal de gens me parlent du passé. Et donc c'est là que je me suis rendu compte de l'impact. La libre antenne comme on la faisait à l'époque a effectivement marqué les gens. Et là avec mon retour sur RMC Gold, il y a beaucoup de gens qui appellent pour me remercier, me dire qu'ils sont contents de me retrouver sur une antenne et de retrouver un peu l'état d'esprit de ce que je faisais avant. Quand on était à Fun Radio, on voyait bien les chiffres et les audiences qu'on pouvait faire à chaque vague de sondages. Donc on se rendait bien compte qu'il se passait quelque chose. Surtout que ça a perduré pendant quelques années, alors que nous on pensait que la blague allait durer six mois et que ça allait s'arrêter. C'est plutôt encourageant et flatteur d'entendre qu'on a pu marquer la radio des années 90.
Et est-ce qu'à vous aussi, ce format de libre antenne vous a manqué durant ces dernières années ?
Au départ, quand ça s'est arrêté à Fun, j'ai arrêté parce que j'étais au bout de l'aventure donc ça ne m'a pas du tout manqué. Mais l'envie a commencé à revenir il y a quelques années, quand des responsables de radio me testaient pour savoir si j'étais intéressé pour éventuellement faire de la radio, donc j'ai failli à un moment donné reprendre la radio le soir. Mais c'est surtout via les réseaux sociaux en réalité que ça m'a redonné envie, parce que quand je me suis vraiment penché sur Instagram et TikTok, j'avais de plus en plus de monde qui venait me suivre et j'ai commencé à m'intéresser aux lives, et je m'apercevais que quand je lançais un petit live d'une demi-heure, la demi-heure se transformait en deux heures, et je me disais "tiens, j'ai toujours envie de parler, de déconner, de répondre aux questions...", donc c'est ce qui m'a fait me dire pourquoi pas refaire de l'antenne, ça pourrait me brancher.
On parlait du temps qu'il y a eu entre Fun Radio et maintenant, vous êtes passé par plusieurs autres stations (Ado FM, Europe 1 Sport, Nostalgie...) et vous avez même créé la Max Radio. Pouvez-vous nous en dire deux mots ?
Quand j'ai quitté Fun, je croyais déjà fortement aux radios numériques. Mais à l'époque, on était vraiment au début, donc moi j'avais créé une émission que j'enregistrais et que je mettais en podcast, alors que personne ne voulait en entendre parler, personne ne croyait à ça. Et à un moment donné, je me suis dit mais pourquoi pas créer sa propre radio ? Donc j'ai lancé la Max Radio, j'avais créé une application qui était un petit peu avant-gardiste à l'époque, parce que dans l'application il y avait de tout, il y avait un shop sur lequel on pouvait s'acheter des tee-shirts, des sweats, des casquettes... Financièrement c'était pour soutenir un peu le projet parce que moi je payais la SACEM, j'avais un petit studio que je devais louer, du matériel à acheter... Et comme RMC Gold, ça tournait 24h sur 24, je faisais 100% de la programmation, donc des vieux titres des années 80-90 et des nouveautés, et je prenais l'antenne tous les lundis en libre antenne pendant 2-3 heures, depuis un studio en région parisienne. J'avais une liberté totale, c'est ce que j'avais envie d'avoir et comme je ne l'avais plus nulle part, je l'ai créée comme ça.
Et puis il y a quelques mois, RMC Gold est venu vous chercher...
Ils m'ont appelé en me parlant de ce projet-là en octobre-novembre, et je leur ai dit que ça me branchait. Il y a les ingrédients : la musique, parce que c'est vrai que quand on pense Max et la libre antenne, on pense à la déconnade, aux canulars... Mais moi la musique, c'est une part très importante de ma vie et j'en passais beaucoup à l'antenne. Donc quand ils m'ont parlé du projet autour des années 80-90, forcément, ça matchait tout de suite, et le fait de reprendre un petit peu de service en libre antenne le soir dans l'état d'esprit, le ton de l'époque, c'est-à-dire une totale liberté car on ne t'impose rien, ni la musique, ni d'invité, ni les gens avec qui tu vas travailler, j'ai dit "Banco". RMC était vraiment l'une des 2-3 seules radios que j'écoutais et qui correspondaient exactement à ce que j'avais envie de faire, c'est-à-dire toujours de l'interactivité avec des débats, des chroniqueurs se taquinent entre eux, un habillage assez fun, je trouvais génial d'être dans le groupe et de pouvoir créer un projet vierge en plus, de démarrer à zéro, d'être au début de l'aventure.
Et vous avez aussi été ces dernières années speaker pour l'équipe de France de football et le PSG. Est-ce que vous continuez en parallèle de vos émissions sur RMC Gold ?
Je ne sais pas comment ça sera pour l'avenir mais comme ce projet-là avec RMC Gold a démarré en plein milieu de saison, moi j'étais déjà engagé sur pas mal de projets avec le PSG, donc on s'était dit que si par moments, l'emploi du temps était compliqué, on s'arrangerait pour que les deux puissent se faire. L'équipe de France, j'ai arrêté. Je l'ai fait 12 ans en tant que speaker des Bleus. Mais je travaille toujours pour le PSG, pour le handball et pour la section féminine de football, notamment les week-ends sur des tournois. Donc je fais quasiment du 7 jours sur 7 en ce moment (rires).
Et pour rajouter un peu de complexité, vous n'habitez plus sur Paris. Comment vous vous organisez ?
J'ai déménagé, oui. Maintenant on en rigole, mais quand la direction de RMC m'a appelé, m'a parlé du projet, je leur ai répondu : "Vous m'appelez au plus mauvais moment ! Vous m'auriez appelé il y a deux ans, j'étais à Paris, mais là je suis en train de partir, de tout vendre". Non pas parce que je n'en peux plus de Paris mais parce que ma femme est nantaise, donc ça fait 15 ans que je fréquente Guérande, La Baule et comme ma femme a des affaires là-bas, on s'était dit que pour les enfants, ça pouvait être sympa de partir près de la mer. Et c'est à ce moment-là qu'ils m'ont appelé (rires). Mais ça a été le temps de 30 secondes de réflexion. Le fait de retravailler sur une radio comme ça, ce n'était pas possible de refuser. Donc aujourd'hui, je me déplace, ça m'arrive de rester une semaine, dix jours sur Paris, et de rentrer après. Là, c'est l'emploi du temps actuel, puis après, on va adapter.
Qu'est-ce qui diffère quand on anime une libre antenne en 2025 après en avoir animé une 25 ans auparavant ?
Ça va paraître étrange mais c'est exactement pareil parce que, justement, musicalement, ils me donnent tous les outils et j'ai les mêmes ingrédients qu'à l'époque. Pas plus, pas moins. On ne m'a pas dit : "Attention, il va falloir jouer telle musique, pas celle que tu jouais avant, attention, aujourd'hui, tu sais que les temps ont changé donc il y a tel sujet que tu n'as pas le droit de traiter...". On ne m'a rien interdit. La ligne éditoriale c'est "amuse-toi comme avant". Après je sais très bien qu'on est en 2025, et qu'il y a des sujets qui seraient beaucoup plus compliqués à traiter qu'avant, mais de toute façon, c'est des sujets que je ne traitais pas à l'époque. Chaque chose à sa place, c'est comme une émission de divertissement. À l'époque, on ne demandait pas à Jean-Pierre Foucault de parler de la Guerre du Golfe dans "Sacrée soirée". Donc mon émission, c'est une émission de divertissement. Ce qui est sympa, c'est qu'aujourd'hui, il y a des réseaux sociaux qui te permettent d'avoir une proximité avec les auditeurs que tu avais moins avant.
Vous parlez de la proximité avec les auditeurs, à l'époque dans "Star System" sur Fun Radio, il y avait un de vos auditeurs, Gérard de Suresnes, un SDF (aujourd'hui décédé, ndlr) qui amusait la galerie avec ses poèmes lus à l'antenne, avant d'avoir sa propre émission "Les débats de Gérard". Dans le livre sorti récemment "Le con de minuit", le journaliste Thibault Raisse dresse le portrait d'une bête de foire qui est moquée voire même harcelée par certains auditeurs, avant de terminer sa vie seul, isolé de tous. Quel est votre ressenti par rapport à ce récit ?
Alors, déjà, le livre, je ne l'ai pas lu mais je savais qu'il allait se faire. Ce que je dis là, peut-être que je me trompe, mais je pense qu'il y a beaucoup de choses qui ne sont pas forcément vraies. Avec Gérard on a rigolé, on a fait des trucs, on s'est marré, mais on l'a également beaucoup aidé. Les gens ne connaissent qu'un tiers ou un huitième de l'histoire. Tout le monde en connait un petit bout, mais personne n'a l'intégralité. Toutes les personnes qui, je crois, ont témoigné dans ce livre-là, n'ont vécu qu'une partie, personne n'a été là du début à la fin à part moi, donc je laisse parler les gens. Un jour, peut-être que j'écrirai un livre sur mon histoire à la radio et je ferai un chapitre sur les personnalités qui ont marqué la libre antenne de Fun Radio dans lequel Gérard prendra une place importante, tout comme Françoise De La Courneuve pour ceux qui l'ont connue, ou encore Alain de Brest. Sur le côté "bête de foire", je n'en sais rien, je n'ai pas lu le livre. Je crois savoir que le journaliste était un auditeur de l'époque, donc ça veut dire que c'est quelqu'un qui a peut-être été complice de ça. S'il dit que c'est ce qui s'est passé, je n'ai pas souvenir que cette personne-là m'ait appelé pour me dire que c'était mal. Il faudrait peut-être que ce journaliste me rafraîchisse la mémoire, mais je n'ai pas souvenir de ça. Et donc il sort un livre, qu'est-ce qu'il va faire de cet argent ? Est-ce qu'il va gagner de l'argent sur le dos de Gérard ou est-ce que cet argent va être reversé dans des associations ? Je serais curieux de savoir.
Revenons au présent. Interrogé par "Le Parisien" sur votre possible participation à d'autres émissions de RMC, Karim Nedjari, directeur général du groupe, a répondu "Il n'y a pas de murs à RMC". Est-ce que c'est dans vos projets, vos envies, de faire votre trou dans la maison-mère ?
Je ne savais pas qu'il avait dit ça. Mais que ce soit extrêmement clair, moi, à titre personnel, je ne me suis jamais dit en rentrant à RMC Gold : "Ça va être une opportunité de mettre un pied dans le groupe pour pouvoir ensuite avoir accès à RMC. Pour moi, RMC Gold, ce n'est pas un caprice ni un jouet. Moi, je prends ça vraiment très à cœur, c'est vraiment le projet-là qui m'intéressait. Donc je ne m'interdis rien mais franchement, ce n'est pas du tout dans les discussions. Maintenant, si demain sur RMC, ils disent "Max, on veut avoir une chronique de 5 minutes le matin qui parle des années 80-90 et comme tu es légitime là-dedans avec ton émission sur RMC Gold" alors moi j'y vais à 200%. Si je peux parler de ce projet-là sur la radio du groupe, il n'y a pas de problème. Mais en tout cas, ça ne m'a jamais effleuré l'esprit de me dire stratégiquement, je vais rester sur RMC Gold pendant 6 mois, 1 an, et puis dès que l'opportunité se présente, je me barre de RMC Gold pour aller sur RMC. Il y a tellement à faire ici, c'est tellement le parfum de l'époque des années 90 avec la technologie d'aujourd'hui. Je ne citerai aucun nom, mais il y a beaucoup d'animateurs radios, certains même connus, qui, quand ils ont vu le projet officiellement arriver, qui m'ont dit : "c'est le truc dans lequel je rêverais d'être". Je sais que là, ce qu'on est en train de faire, je ne dis pas que c'est la révolution, mais c'est un truc qui parle aux gens, et que ce soit dans le milieu professionnel ou chez les auditeurs, c'est bien perçu.
Donc vous avez déjà envie de rempiler pour la saison prochaine ?
On n'a encore rien signé mais on va discuter de tout ça. C'est un projet qui doit réussir, mais c'est quand même une aventure où l'on part de zéro, donc il y a toujours un petit risque que ça ne fonctionne pas ou qu'il y ait un souci. Donc là, on avait signé pour quelques mois, mais effectivement, on va discuter de la rentrée et voir comment on peut faire pour continuer ensemble. Moi, j'ai plein d'idées d'émissions derrière la tête, j'en ai parfois un peu trop (rires). Je suis un passionné de ça, et Fun Radio, ça a été tellement extraordinaire, d'avoir une telle liberté de pouvoir créer des émissions en l'espace de quelques jours. Et à RMC Gold, c'est pareil.