
Pour fêter comme il se doit leur 20e anniversaire, "Les Grandes Gueules" ont vu les choses en grand. Après une tournée à travers la France, le duo emblématique formé par Alain Marschall et Olivier Truchot a posé son studio devant l'Assemblée nationale pour une émission spéciale en direct, diffusée sur RMC et RMC Story. Ce vendredi 20 juin, de 9h à 12h, trois figures majeures de la vie politique française se sont succédées sur le plateau : Gérald Darmanin, Jean-Luc Mélenchon, puis Marine Le Pen.
Au programme : trois heures de débats intenses, face à 9 "grandes gueules" soigneusement sélectionnées — de Barbara Lefebvre (en dépit des polémiques), à Bruno Poncet en passant par Flora Ghebali et Charles Consigny — pour interroger, titiller et faire réagir les invités. Un retour assumé des politiques dans l'émission, après une période de retrait analysée comme un reflet du désamour croissant entre les Français et leurs représentants. "Il n'y a plus beaucoup de 'bons clients'. Il y a trop de langue de bois et ça n'intéresse pas nos auditeurs", expliquait récemment Olivier Truchot à "TV Magazine".
Aux alentours de 10 heures, Jean-Luc Mélenchon a pris place devant le public. Le leader insoumis a profité de l'instant pour livrer une réflexion franche sur sa défiance envers les médias. Et d'expliquer pourquoi, à 72 ans, il refuse désormais la majorité des invitations. "En 20 ans, nous nous sommes rencontrés plusieurs fois (...) et à chaque fois vous avez accepté de venir débattre avec ceux qui représentent les Français, et on vous remercie", a commencé Alain Marschall. "Je ne vais plus nulle part, c'est devenu insupportable pour moi. Par respect de ma propre dignité personnelle, je ne rencontre plus une série de journalistes", a affirmé d'entrée celui qui a obtenu près de 22% des voix à la présidentielle de 2022.
"Mais il y a 20 ans, vous avez introduit un style, il a fait école, et les imitateurs n'ont pas toujours été très bons. D'accord vous êtes grinçants et piquants, on va pas dire le contraire. Mais c'est toujours resté dans un certain respect mutuel, ça ne passe certaines limites. Après, on a le droit de se faire brocarder, ça fait partie de l'engagement en politique", a poursuivi le politicien pour expliquer sa venue sur le plateau des "Grandes Gueules". "Mais partout ailleurs c'est devenu insupportable, c'est devenu une corrida. Maintenant on m'invite pour 'se faire Mélenchon'. Pour prendre ton galon dans la vie de journaliste, il faut se faire Mélenchon. C'est odieux, c'est insupportable, on me pose des questions qu'on n'oserait pas poser à d'autres. Alors je ne vais plus nulle part. Mais je viens ici parce que ça me fait plaisir", a-t-il confié.
Fidèle à lui-même, il a toutefois conclu son message par une pique visant l'ego des "GG". "Mais votre côté prétentieux, les gars merci ! Moi à côté je suis un petit garçon ! Vous prétendez représenter le peuple mais personne ne les a élues (les "Grandes Gueules", ndlr). Vous dites les Français ceci, les Français cela…", a-t-il lâché dans un sourire. Et de finir avec autodérision : "Mais maintenant, je reconnais que je ne suis plus élu, donc je suis le Panoramix des Insoumis".