
Les figures de la station continuent de se montrer "fiers d'être Europe 1". Régulièrement visée par ses détracteurs qui critiquent la nouvelle orientation de la station depuis la reprise par Vincent Bolloré en 2021, la radio privée fait preuve de solidarité. Et met en avant la progression des audiences pour défendre le supposé changement de contenu à l'antenne. Portée par les arrivées de Pascal Praud et Cyril Hanouna, Europe 1 a été écoutée en moyenne par 2,65 millions d'auditeurs durant la vague janvier-mars 2025, soit 269.000 âmes supplémentaires sur un an. Mais cette "remontada" ne suffit pas à convaincre les actionnaires de Louis Hachette Group (qui réunit Lagardère et Prisma Media), dont plusieurs membres ont interpellé Arnaud Lagardère lors d'une assemblée générale, tenue le mardi 29 avril. "Il y a toujours un point de vue qui finit par écraser tous les autres" et "j'ai peur que cette radio devienne, petit à petit, (...) je dirais militante et communautaire", s'est inquiété un premier individu.
Piqué au vif, le président de la station a voulu se montrer "rassurant". "La ligne éditoriale d'Europe 1, elle est extrêmement simple, c'est de donner la parole aux Français", a-t-il répondu, poursuivant son argumentaire. "Ne croyez pas qu'il y ait une volonté particulière, idéologique, comme vous pouvez l'entendre sur certains médias, derrière cette ligne éditoriale. C'est juste donner la parole aux Français. C'est les Français qui décident". Le magnat des médias a ensuite essayé d'expliquer le succès de la station. "Et si vous avez le sentiment que cette ligne dévie, c’est parce que les Français, et ce n’est pas péjoratif forcément, dévient un peu, peut-être, dans leurs opinions économiques, sociales et voire même politiques. Donc on ne fait qu’épouser l’air du temps, le sentiment des personnes, leurs préoccupations, leurs questions, leurs réponses", a-t-il conclu, sûr de son fait.
Lors de cette même assemblée générale, un autre actionnaire a interpellé la direction sur les appels d’organisations de gauche à boycotter les maisons d’édition de Hachette Livre parce qu’il est contrôlé par Vincent Bolloré, et particulièrement Fayard, qui accueille des auteurs très à droite. Le PDG Jean-Christophe Thiery s'est justifié en vantant la diversité éditoriale de sa maison et la "liberté d'expression" laissée à ses auteurs. "Tout le monde peut s'exprimer, peut écrire des
livres chez nous", a-t-il dit.
En février 2023, le milliardaire avait déjà nié en bloc une emprise de Vincent Bolloré sur ses médias, à l'occasion d'un entretien accordé au "Figaro". "C'est du fantasme pur", avait balayé Arnaud Lagardère, particulièrement agacé par la critique des changements de direction dans ses titres agace particulièrement le magnat des médias. "Nous reprocher la venue de journalistes comme Laurence Ferrari , qui a déjà été par le passé dans l'écurie Lagardère, ou certaines couvertures de Paris Match, n'a aucun sens", s'était-il notamment défendu. Plusieurs organismes de presse avaient, en effet, mis en lumière la comptabilité entre l'ancienne présentatrice du JT de TF1 et la ligne tenue dans les médias de Vincent Bolloré, qui officie sur CNews.