Lancé le 16 septembre dernier sur TMC, "Sans aucun doute" s'est discrètement fait une place dans la guerre de l'access . Sans faire de vagues, l'émission de Julien Courbet bat même régulièrement ses propres records d'audience ces derniers jours. puremedias.com a donc demandé à Julien Courbet, son animateur et producteur, de se livrer à un premier bilan, deux mois et demi après le lancement de l'émission.
puremedias.com : Comment expliquez-vous la dynamique actuelle de "Sans aucun doute" ?
Julien Courbet : Je l'explique par le fait qu'il a fallu beaucoup de temps aux téléspectateurs pour comprendre que l'émission était sur TMC. C'est très confus pour eux désormais. Avec la TNT et la multiplication des chaînes, ils ne savent plus qui est où. Dans un premier temps, le public de RTL (Julien Courbet anime chaque jour "Ça peut vous arriver" sur la station, ndlr) m'a retrouvé sur TMC. Cela m'a fait passer un premier palier. Ensuite, le bouche-à-oreille a fait venir les autres. Aujourd'hui, il faut du temps en télé. On est passé à une stratégie de la patience même pour une grosse chaîne comme TF1. On ne peut plus juger sur deux ou trois émissions. Je n'étais pas affolé quand ça a démarré. Je ne m'emballe pas non plus maintenant.
Atteignez-vous les objectifs d'audience fixés par la chaîne en septembre ?
Oui, ça y est. Je l'avais toujours dit, l'objectif était de se stabiliser autour de 600.000 téléspectateurs sur la première saison. On est un peu plus haut en ce moment. On va voir la suite. Ça peut fluctuer. Ça peut redescendre aussi.
Si l'émission affiche de très bonnes performances sur les 4 ans et plus, le score sur les ménagères est un peu plus instable. Comment l'expliquez-vous ?
Oui, c'est vrai. Mais sur ce coup-là, c'était une vraie stratégie de notre part. A notre arrivée dans la case, il y avait historiquement un public plutôt masculin, amateur de séries comme "Walker Texas Ranger". Il y avait donc un vrai risque de "vider la salle" avec notre nouvelle émission. On a ainsi préféré mettre des sujets plutôt masculins, comme la construction par exemple, ce qui nous a permis de conserver nos téléspectateurs. Maintenant, le deuxième travail consiste à féminiser davantage notre audience. C'est ce qu'on a commencé à faire avec certains sujets traitant de problèmes de droit de la famille par exemple. Et ça a payé tout de suite !
Vous êtes arrivé sur la pointe des pieds dans la guerre de l'access ? Au vu du succès actuel de l'émission, n'était-ce pas au final la bonne stratégie ?
Ce n'est pas "la bonne stratégie". Il faut juste faire attention au buzz. Le buzz, c'est génial s'il y a quelque chose derrière. C'est terrible dans le cas inverse. Il vaut mieux avoir deux téléspectateurs qui viennent au lieu de dix, si ces deux-là sortent en disant : "Tu devrais aller voir, c'est vachement bien !". C'est comme au théâtre. Et puis honnêtement, il ne pouvait pas y avoir énormément de buzz pour le lancement de "Sans aucun doute" puisque c'est une émission qui a déjà existé par le passé.
"On a un taux de résolution des dossiers de 90%"
"Sans aucun doute" reçoit près de 200 dossiers par jour. Comment sélectionnez-vous ceux que vous allez traiter à l'antenne?
Sur les 200 dossiers, il y a déjà plus de 50% des cas où les personnes sont malheureusement incapables de nous justifier ce qu'elles disent. Notre équipe de 30 personnes au total fait d'ailleurs un vrai travail d'enquête pour vérifier cela. Le choix, ensuite, est simple. On essaye d'avoir une émission équilibrée en termes de thématiques. Même si j'ai trois cas extraordinaires de construction, je ne vais pas tous les prendre.
La télégénie de l'affaire entre-t-elle en jeu ?
D'une manière générale, non. La télégénie peut par contre entrer en considération pour savoir s'il y aura ou pas un reportage sur l'affaire. Sinon, on dit à la personne de venir directement en plateau nous raconter son histoire.
Qu'en est-il du suivi des dossiers ?
Il y a beaucoup d'affaires réglées après une émission. Si ça bloque encore après, on refait une deuxième émission. Si ça bloque encore, il y a des cas qui passent sur RTL, et vice versa d'ailleurs. Si ça bloque toujours, les affaires vont devant les tribunaux et on fournit alors une véritable assistance aux victimes.
Quel est votre taux de résolution des affaires ?
On est déjà à 90% de réussite.
"On a repoussé les primes 'Sans aucun doute'"
Les premiers numéros de "Sans aucun doute" étaient un peu survitaminés, au risque parfois de perdre le téléspectateur, avez-vous baissé le rythme de l'émission ?
Oui, c'est vrai. Quand on fait une émission, on n'a pas la science infuse. On la fait, et après, on regarde. Ça nous a sauté aux yeux effectivement. Il y avait trop de rythme dans les premiers numéros. Je pense qu'on s'est laissé un peu avoir par une ambiance de 19-20 et la volonté de faire "léger". Je pense au contraire que les gens attendaient justement de "Sans aucun doute" un plus grand approfondissement des dossiers. C'est ce qu'on a fait. On a désormais trouvé le bon dosage.
Pourquoi avoir décidé d'inviter chaque vendredi une personnalité sur votre plateau ?
C'est extrêmement lourd de faire cinq émissions par semaine. On s'est dit que si on corsait les cas du lundi au jeudi, ça serait bien d'avoir une émission un peu plus légère le vendredi. D'où l'idée d'avoir une personnalité en plateau ce jour-là. Les gens nous ont suivi vendredi dernier (avec Kev Adams, ndlr), on va voir s'ils nous suivent autant ce soir avec Arnaud Tsamère.
Qu'en est-il des primes "Sans aucun doute" annoncés pour décembre ?
On les a repoussés à ma demande. Il n'y en aura pas en décembre. Au départ, il n'y avait que quatre émissions par semaine. Maintenant, il y en a cinq (une émission inédite le vendredi a été ajoutée à la place d'un best of, ndlr). C'est très compliqué en termes d'emploi du temps. Le mien est déjà bien chargé ! A un moment, la chaîne nous a laissé le choix entre le prime et un cinquième jour d'émission. On s'est aperçus que les best of de l'émission faisaient baisser l'audience et on a donc préféré choisir un cinquième jour d'émission le vendredi. On attaquera les primes d'ici le mois de juin. C'est dans les tuyaux.
N'avez-vous pas peur que TMC devienne une "télé Courbet" avec ces primes?
Non, je fais gaffe et TMC aussi. La chaîne pourrait par exemple rediffuser l'émission en journée, ça ne lui coûterait rien. Mais TMC est une vraie chaîne généraliste qui fait attention à la surexposition. Et moi aussi.
"Ce n'est jamais une bonne nouvelle quand Laurent Ruquier arrive face à vous"
Quel regard portez-vous sur les changements apportés par France 2 à son access ?
Je pense que la bonne décision a été prise en remettant Nagui. L'effet a d'ailleurs été immédiat. Je pense que Philippe Vilamitjana a malheureusement fait beaucoup de mal à cette chaîne. Il n'avait pas les épaules assez solides pour tenir une grille et n'avait pas la bonne analyse. Vous vous rendez compte des talents qu'il y a sur France 2 : Stéphane Bern, Nagui, Laurent Ruquier, Frédéric Lopez... Ce n'est pas rien ! Comment se fait-il que ces gens-là ne soient pas employés pour l'access?
Justement, l'arrivée possible de Laurent Ruquier dans la case en janvier vous fait-elle peur ?
Si ça se confirme, évidemment, ça fait peur. Laurent Ruquier reste une arme redoutable pour France 2. Ce n'est jamais une bonne nouvelle quand il arrive face à vous. Après, on a une vraie offre de contre-programmation par rapport à nos concurrents. Il faut d'ailleurs saluer la direction des programmes du groupe TF1 qui a cru au projet de "Sans aucun doute" en access alors qu'au début, personne n'y croyait.
Quelle analyse faites-vous de l'échec de Sophia Aram dans une case que vous connaissez bien ?
Je fais la même analyse que beaucoup d'observateurs. Je crois qu'il n'y avait pas de concept. Il y a une animatrice qui est très, très bonne et qui a un avenir à la télé. Mais encore une fois, il n'y a pas de secret. Si on met Lagaf' sur TF1, Hanouna sur D8, Lapix sur France 5, c'est qu'il y a une raison. Les gens ont besoin très vite de se repérer avec des animateurs d'expérience. Ça ne pouvait pas marcher.
