Monsieur Papa n’est pas un film : c’est un téléfilm. Et pas des plus réussis. Lorsque Marie Vallois, interprétée par une Michèle Laroque loin d’être convaincante, décide de faire croire à son jeune garçon qu’elle a retrouvé son père, elle ne s’imagine pas que les problèmes ne font que commencer. Pour elle comme pour le spectateur. Les situations sont tellement peu crédibles qu’on s’attend, à chaque scène, à voir débarquer Joséphine, ange gardien. Les personnages sont caricaturaux, pour ne pas dire grotesques. Et quelle drôle d’idée de faire rejouer Vincent Perez ! En business man fier et agressif, il n’est pas crédible une seule seconde. Ce n’est pas toujours un hasard si des acteurs ont été mis au banc du cinéma français… Pourquoi ne pas donner un premier rôle à Marie Gillain tant qu’on y est ?
Des clichés en pagaille
Rien, dans Monsieur Papa, n’est authentique, et surtout pas la relation mère-fils, pourtant au cœur du film. Des personnages secondaires, censés être touchants, sont particulièrement agaçants. On pense notamment au petit vieux philosophe en fauteuil roulant. « Aucun mot de la langue française ne rime avec simple » nous assène-t-il avec une infinie sagesse. Oui, très bien, c’est noté, merci papy ! On atteint des sommets de ridicule lorsqu’il affirme que « la deuxième des Trois Sœurs de Tchekhov est une idiote ». On croit rêver ! Jacques Balutin, en gardien d’immeuble, n’est pas meilleur. Seule l’excellente Myriam Boyer, mère de Clovis Cornillac qui fait d’ailleurs une apparition éclair dans le film, tire son épingle du jeu. La vie recréée par Kad Merad est en carton pâte et le spectateur reste de marbre. D’autant plus que la bande originale semble souvent tout droit sortie d’American Pie ! Et, non, vous n’échapperez pas à la fameuse scène du photomaton...
Où sont les larmes ?
Gaspard Meier-Chaurand, qui joue Marius, n’est malheureusement aidé ni par le scénario ni par les dialogues, souvent affligeants, écrits par la femme de Kad Merad. Certes, il est très mignon dans sa doudoune Uniqlo orange fluo, mais un garçon, un vrai, est bien plus qu’un petit bonhomme gentillet. L’enfance, pour reprendre une expression de Saint Exupery, c’est aussi « le pays des larmes ». Comment ne pas repenser au sublime Tomboy, sorti il y a quelques semaines, dont l’actrice androgyne ressemble d’ailleurs étrangement à Gaspard Meier-Chaurand ? Un gouffre sépare les deux films. Là où Céline Sciamma sondait les abysses de l’enfance, Kad Merad survole le sujet.
Enfin, au-delà de la pauvreté de l’écriture, le film pêche par son sujet-même. Qui peut être charmé, voire amusé, par une mère qui ment à son enfant ? Elle aurait mieux fait de lui dire la vérité, ce qui nous aurait épargnés...