La popularité de Taylor Swift aux Etats-Unis en dépasse beaucoup dans le reste du monde. Une jeune femme aux chansons un peu niaises, au style country assez passe-partout et à la voix somme toute assez banale, qui est considérée comme la seule encore capable de passer la barre du million de ventes en première semaine, et de redonner l'espoir à l'industrie musicale toute entière. Rien que ça. Il faut creuser juste un petit peu plus loin pour comprendre ce succès. D'abord, il y a le côté bonne copine qui, à 20 ans, n'a toujours pas eu le besoin de tourner des clips provocants ou de parler de sexe dans ses chansons - n'est-ce pas Miley, Britney et les autres ? Mais surtout, il y a une musique personnelle - elle a écrit la totalité des titres de son nouvel album seule -, accessible mais pas aussi passe-partout qu'il n'y paraît.
Sa musique étant si personnelle, les précédents albums de la chanteuse trahissaient forcément son âge, et sur "Speak Now", sa nouvelle maturité est évidente - et de nombreux artistes deux fois plus âgés qu'elle rêveraient d'écrire de la sorte. Alors oui, il y a toujours quelques titres légers, des références aux contes de fées, et des chansons pas vraiment originales. On pense à "Sparks Fly", "Enchanted" et même [musique:404440 "Mine"], le premier single, mais tous sont sauvés par une efficacité indéniable qui séduit aussi bien les radios pop que country aux Etats-Unis. Mais la Taylor 2010 propose beaucoup plus que ça. Presque confessionnelle, sa musique évoque ses aventures ou histoires de coeur, et cette fois, il ne s'agit plus du garçon du lycée qu'on ne connaît pas, mais de stars. Il y a l'attaque envers John Mayer sur le sublime "Dear John", à la frontière entre la plainte et la rédemption, sublimement écrite (« Maybe it's you and your sick need to give love then take it away / And you'll add my name to your long list of traitors who don't understand »), ou encore le mélancolique "Back to December", qui fait référence à Taylor Lautner, qu'elle n'a pas aimé comme elle aurait dû. Elle s'en prend aussi à Camilla Belle, l'actrice qui lui a piqué son ex, Joe Jonas (« She's not a saint and she's not what you think / she's an actress / She's better known for the things that she does on the mattress »), et trouve même le temps d'évoquer sa "rencontre" avec Kanye West sur le maladroit "Innocent".
La plume de Taylor s'est affinée, et son interprétation aussi. Là encore, les thèmes les plus banals sont non seulement traités intelligemment, mais aussi chantés avec nuance. Sa voix est plus forte que jamais, et elle n'hésite pas à pousser quand il le faut ("Haunted", "Dear John"), tout comme elle ose la douceur et presque les murmures sur d'autres titres. La chanteuse élargit également sa palette musicale, allant jusqu'à sortir le banjo sur le très country (et très efficace) "Mean", mais s'essayant également à un son pop/rock plus épique ("Haunted", "Better Than Revenge"). Au final, "Speak Now" est donc tout ce qu'on attend d'un album de Taylor Swift, et bien plus encore. Alors certes, certains titres manquent d'aspérité et d'autres d'originalité, mais l'honnêteté de son interprète et auteur est tour à tour désarmante et bouleversante, et sa plume et son interprétation font le reste.
TV
Xavier Niel dans "C à vous" : L'Arcom met en garde France 5 pour publicité...
