Charline Vanhoenacker était pour une nouvelle saison du "Grand dimanche soir", mais France Inter en a décidé autrement. Après l'enchaînement de polémiques, le licenciement de son chroniqueur emblématique Guillaume Meurice, et le départ de plusieurs humoristes en soutien de celui qui a été débarqué, l'émission dominicale animée et produite par l'humoriste belge n'a pas été reconduite par la station publique pour la rentrée prochaine. Et ce malgré la proposition d'une nouvelle formule, a expliqué Charline Vanhoenacker, auprès de nos confrères du "Monde ", dans une interview parue ce vendredi 12 juillet 2024.
"J'ai remis un nouveau projet à la direction, mais il n'a pas été retenu", a-t-elle confié. "L'idée était de mélanger quelques 'anciens' prêts à continuer (Waly Dia, Mahaut Drama, Isabelle Sorente, Frédéric Fromet) à une nouvelle génération d'humoristes (comme Arezki Chougar, Lou Trotignon)", a détaillé la meneuse de bande. Elle cite également les très bons chiffres d'audience de l'émission, qui auraient pu pousser la direction à envisager un futur pour son émission. "On avait fidélisé le public", a affirmé Charline Vanhoenacker.
Un carton d'audience
En effet, sur la dernière vague (avril-juin 2024), "Le grand dimanche soir" a été écouté en moyenne par 793.000 auditeurs. Le programme satirique a même enregistré un pic de 1,02 million d'auditeurs entre 19 et 19h15. L'émission a convaincu 304.000 auditeurs supplémentaires par rapport à la moyenne du 18h-20h dominical de la même vague l'an passé. Mais ces bons résultats n'auront donc pas suffi.
"Je voulais rester jusqu'à la dernière seconde d'antenne"
Celle qui orchestre ce rendez-vous du dimanche organisé en public au sein de la Maison de la radio l'assure, elle n'a pas pensé une seconde à abandonner l'émission en cours de saison, notamment après le licenciement de son complice Guillaume Meurice pour une blague répétée sur Benyamin Netanyahou, et la défection de plusieurs humoristes (Djamil Le Shlag, Thomas VDB, Aymeric Lompret, Doully), solidaires de ce dernier. "C'était très clair dans ma tête : tel un capitaine de navire, je voulais rester jusqu'à la dernière seconde d'antenne. Je suis productrice, j'ai la responsabilité de protéger les membres de ma bande", a-t-elle expliqué.
"J'ai une équipe avec des gens, comme Juliette Arnaud, qui, aujourd'hui, n'ont plus de travail"
"Pendant plusieurs semaines, on a fait exister dans l'émission l'absence de Guillaume et de ceux qui étaient partis. Je veux rendre hommage à ceux qui sont restés et qui, malgré le côté douloureux, ont continué à faire rire", a salué Charline Vanhoenacker. "Ceux qui ont démissionné, c'est ceux qui ont quelque chose à côté (la scène, le cinéma, etc.). Ils peuvent se le permettre. J'ai une équipe avec des gens, comme Juliette Arnaud, qui, aujourd'hui, n'ont plus de travail", a regretté la productrice.
De son côté, elle sera l'an prochain à la tête d'un billet d'humeur quotidien dans la matinale de la station présentée par Nicolas Demorand et Léa Salamé. Une proposition de la direction de France Inter qu'elle a "reconsidéré" au moment où ses supérieurs ont refusé de reconduire "Le grand dimanche soir".
"J'ai décidé de résister de l'intérieur"
Pourquoi a-t-elle décidé de rester sur France Inter ? "J'estime que le bouffon que je suis doit rester dans le royaume. J'ai décidé de résister de l'intérieur. Quand je dis résister, c'est contre l'extrême droite, contre une forme d'autoritarisme. Au moment où l'Assemblée nationale compte plus de 140 députés du RN, j'ai d'autant plus envie de prendre le micro. Quand bien même mon temps d'antenne se réduit, je le garderai. Comme le dit Guillaume, 'ils n'auront pas ma démission, je préfère être viré'", a-t-elle justifié, confiant quand même avoir "quelques inquiétudes sur la liberté d'expression à l'antenne", après "une année sous pression" qu'elle "ne souhaite à personne".