Michel Floquet (TF1) : "Il n'était pas question de trapper la séquence de l'explosion"

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Michel Floquet (TF1) : "Il n'était pas question de trapper la séquence de l'explosion"
Par Julien Bellver Rédacteur en chef

Co-rédacteur en chef de puremedias.com, Julien Bellver est diplômé de l'Institut Pratique de Journalisme (IPJ). Passionné par les nouvelles technologies et les médias, il a collaboré à plusieurs émissions...

Capture puremedias.com / DR
Capture puremedias.com / DR © Le sergent Allen avant l'explosion.
Le rédacteur en chef du journal présenté par Laurence Ferrari répond aux téléspectateurs choqués par la violence des images du reportage sur l'Afghanistan diffusé hier sur TF1.

Hier soir, TF1 a diffusé dans son JT de 20 heures un reportage exceptionnel de 8 minutes sur le travail des soldats américains en Afghanistan. On y voit l'entraînement de 14 soldats emmenés par le sergent Allen, 32 ans. Ils évoluent sur un terrain jonché de mines antipersonnel, les journalistes de TF1 Michel Scott et Gilles Parrot les suivent caméra au poing dans leur traque des talibans.

Les soldats sont stoppés brutalement dans leur opération, une mine antipersonnel explose sous le pied du sergent Allen, à seulement quelques mètres d'un des deux journalistes de TF1. Les jambes arrachées, le bras en lambeau, la caméra continue de tourner, sans jamais s'arrêter. Michel Floquet, rédacteur en chef du journal présenté par Laurence Ferrari répond aux téléspectateurs choqués par la violence des images.

Quand avez-vous décidé de tourner ce sujet sur l'Afhanistan ?
Ca fait très longtemps, notre équipe avait un accord avec l'armée américaine pour suivre les soldats pendant une quinzaine de jours. Et cela ne s'improvise pas, c'est une demande qui a été faite il y a plusieurs mois déjà.

Le sujet diffusé hier était-il prédestiné à un format aussi long, plus de 8 minutes ?
On ne sait jamais ce qu'on va trouver. Quand vous êtes avec des combattants et que vous les suivez, vous partez sans savoir ce que vous allez ramener. Quand les journalistes sont partis, je leur ai donné carte blanche. C'est une situation de guerre, on pouvait faire un long sujet, plusieurs sujets, tout était possible mais ce n'était pas écrit à l'avance. Ce sont des correspondants de guerre, donc il y avait des conditions de sécurité classiques, à savoir un casque et un gillet pare-balles.

"Il n'était pas question de passer sous silence ou de trapper cette séquence"



Le moment de l'explosion, avez-vous réfléchi avant de diffuser ces images d'une rare violence ?
On a regardé les images quand notre équipe est rentrée. Bien sûr il n'était pas question de passer sous silence ou de trapper cette séquence. Moi j'étais inquiet à l'idée que cela ne soit pas diffusable pour des raisons évidentes. Et puis j'ai découvert que les images avaient été tournées avec beaucoup de sobriété. Rien ne s'opposait donc à ce qu'on diffuse la séquence qui illustre les réalités de cette guerre.

Certains téléspectateurs ont été choqués, ils ont écrit à TF1 à ce sujet hier soir...
Il n'y a rien de complaisant dans ces images, il n'y a pas de violence gratuite, il n'y a pas d'images faites pour choquer, il n'y a aucune complaisance avec l'horreur de la guerre. C'est au contraire filmé d'une manière extrêmement digne, sobre et retenue. Notre métier est de montrer la réalité de la guerre, même lorsqu'elle ne fait pas plaisir. Je comprends que des téléspectateurs soient choqués. Je comprends que des gens n'aient pas envie d'entendre des mauvaises nouvelles ou voir des images violentes. Mais il y a une guerre en Afghanistan avec 4..000 soldats français engagés, des dizaines sont morts. Si ça, ce n'est pas une réalité dont les journalistes et les journaux ont à rendre compte, alors là, je ne sais pas ce qu'est notre métier.

"Oui, c'était son rôle de filmer ! Que voulez vous qu'il fasse ?"



Le journaliste continue à tourner après l'explosion. C'était son rôle ?
Oui, c'était son rôle ! Que voulez vous qu'il fasse ? Vous avez vu avec quel professionnalisme et quelle maîtrise les soldats américains sauvent la vie du sergent ? Immédiatement ils sont là, ils font les gestes qui vont permettre de le sauver. Il faut bien réaliser que le journaliste ne comprend rien à ce qui se passe. Dans la seconde où ça explose, il reçoit sur lui une pluie de pierres et de poussière. Il se demande s'il est touché, il ne bouge pas parce qu'il est tétanisé. Quand des obus tombent autour de vous, au premier obus vous êtes tétanisé, vous ne bougez pas. Il ne fait rien en fait, il laisse tourner. Ensuite il réalise ce qu'il se passe puis il continue à faire son métier avec beaucoup de distance et de pudeur.

"On a fait le sujet comme on pensait qu'il devait être fait pour éviter tout sensationnalisme"



Ce choix journalistique a-t-il été payant hier soir ? Les téléspectateurs sont-ils restés devant TF1 pendant toute la durée du sujet ?

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Oui, les gens sont restés. On regarde les courbes, bien évidemment, on préfère que les gens nous suivent. On ne se pose pas la question en termes marketing, on a fait le sujet comme on pensait qu'il devait être fait pour éviter tout sensationnalisme, on a voulu montrer ces hommes longtemps avant. L'explosion c'est une minute sur un sujet de plus de huit minutes. Sur la courbe, on ne perd pas de téléspectateurs, elle reste stable comme chaque jour à ce moment-là du journal.

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