Interview Exclu
Jérôme Saporito (L'Equipe) : "Nous n'allons pas casser notre modèle économique pour acheter des droits sportifs"
Publié le 5 mars 2019 à 16:39
Par Florian Guadalupe | Journaliste
Passionné de sport, de politique et des nouveaux médias, Florian Guadalupe est journaliste pour Puremédias depuis octobre 2015. Ses goûts pour le petit écran sont très divers, de "Quelle époque" à "L'heure des pros", en passant par "C ce soir", "Koh-Lanta", "L'équipe du soir" et "La France a un incroyable talent".
Le nouveau directeur de la chaîne L'Equipe a réservé sa première prise de parole à puremedias.com.
Jérôme Saporito se confie auprès de puremedias.com. Jérôme Saporito se confie auprès de puremedias.com.© Franck Seguin – L'Equipe
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Il est en place depuis près de deux mois. Le nouveau directeur du pôle TV du groupe L'Equipe, Jérôme Saporito, a réservé sa première grande interview à puremedias.com afin d'évoquer sa vision de la chaîne et ses différents projets. L'ancien directeur adjoint des sports du groupe TF1 et remplaçant d'Arnaud de Courcelles a également détaillé sa stratégie concernant les droits sportifs détenus par la chaîne et son nouveau divertissement baptisé "Mud Day : La course dans la boue", présenté par un duo inédit, Yoann Riou et Virginie Guilhaume.

Propos recueillis par Florian Guadalupe.

puremedias.com : Quelle est votre ambition pour la chaîne L'Equipe ?
Jérôme Saporito
: C'est de la faire grandir. Comme c'est une chaîne privée accessible à tous, cela passe par l'audience. C'est une chaîne qui a une incarnation très forte. Même si elle fait partie des dernières chaînes de la TNT HD, elle est très populaire. C'est une chaîne de sport avec des spécialistes qui parlent de leur domaine avec passion, mais sans se prendre la tête. Il y aura forcément un travail sur le renouvellement des programmes et sur l'audience. On va essayer de rencontrer un plus large public. Je viens d'une chaîne privée aussi. L'audience, j'ai toujours vécu avec. Ca fait partie de notre quotidien.

"Mon but est d'arriver à l'équilibre financier." Jérôme Saporito

Doit-on s'attendre à des changements majeurs dans les mois à venir ?
Il y aura des évolutions mais pas de bouleversements. Je m'inscris dans la continuité de ce qu'ont fait mes prédécesseurs, Cyril Linette et Arnaud de Courcelles. Je ne suis pas là pour tout bouleverser. Il y a déjà des socles très forts même s'il faut toujours se renouveler, se régénérer et réfléchir à l'air du temps. J'ai envie d'ajouter une petite brique. Pour moi, la chaîne L'Equipe a deux piliers : celui des émissions, qui marche très bien, et celui des droits sportifs. Dans ce dernier domaine, il y a toujours un risque qu'on perde certains droits ou l'opportunité d'en gagner de nouveaux. Pour que la chaîne grandisse, il faudra selon moi rajouter un troisième pilier à ces deux-là en élargissant la notion de sport avec du divertissement, de l'aventure et du dépassement de soi. Ce sera une extension de la matière sportive qui fera, je l'espère, que la chaîne sera encore plus regardée.

Avez-vous récupéré une chaîne en bonne santé ?
J'arrive sur une chaîne qui progresse depuis cinq ans et qui est en bon état. En 2018, la chaîne a atteint une part d'audience de 1,2% du public, soit une audience multipliée par deux depuis 2015. J'arrive dans un nouveau bâtiment. Tout ce qui est déménagement, installations, nouveaux plateaux, ce sont mes prédécesseurs qui l'ont fait. J'arrive dans le meilleur des moments, en affirmant cette volonté de faire grandir la chaîne. Tout le monde le souhaite. Il faut qu'on maintienne cette dynamique.

La chaîne est-elle également en bonne santé financière ?
C'est une chaîne qui perd un peu d'argent. Ca arrive. C'est le cas de pas mal de chaînes de la TNT HD. Mais on perd de moins en moins d'argent chaque année. Le but est évidemment d'arriver à l'équilibre. Une meilleure audience avec un équilibre financier plus précaire n'aurait aucun sens. Il faut que je mène les deux, de front.

Quels sont les objectifs concrets que vous vous êtes fixé ?
J'ai un objectif éditorial : apporter aux téléspectateurs la meilleure couverture possible de tous les évènements que l'on a, et la meilleure retransmissions de toutes les émissions que nous produisons qui sont déjà très puissantes et très incarnées. Evidemment, j'ai un objectif d'audience. Mais il part de l'éditorial. Si on propose le meilleur produit possible, l'audience s'en ressentira. Les gens sont tout sauf bêtes. Avec une meilleure audience, la logique veut qu'à court ou moyen terme, on arrivera à trouver un équilibre financier.

"Si on investit sur le biathlon, c'est qu'on espère toujours battre un record." Jérôme Saporito

Les mondiaux de biathlon démarrent ce jeudi 7 mars. Quels sont les enjeux de cette compétition pour votre chaîne en tant que diffuseur de la compétition ?
Le biathlon, c'est le sport qui a fait connaître la chaîne et on a aussi réussi à le populariser alors qu'il était réservé jusque-là à une niche ! On touche un public très large alors qu'il n'y a que 700 licenciés en France. Entre le nombre de téléspectateurs et le nombre de licenciés, ce doit être l'un des ratios les plus dingues en France ! Pour nous, ces Mondiaux sont le plus grand rendez-vous de l'année. Sur un évènement comme celui-ci, il faut mettre le paquet. On doit proposer la plus grande couverture possible. C'est un sport tellement télégénique que nous nous devons de faire rayonner la partie sportive et tout ce qui se passe autour aussi. Quand j'ai signé, la première chose que j'ai regardée, c'est le lieu de la compétition, en Suède, dans le grand nord. Ca fait rêver ! La chaîne sera délocalisée. Nous installerons nos studios et nos caméras là-bas. Il y aura vingt personnes sur place. J'ai envie de faire sentir la vie autour de ce Championnat du monde. Il y aura Messaoud Benterki, avec une grosse doudoune, un bonnet, des gants (rires). Nous ferons ressentir toute cette ambiance. Nous serons au fin fond de la Suède avec des paysages incroyables. Il y aura une heure d'émission avant la course et 45 minutes de débrief ensuite. Ca représentera 35 heures de direct sur une dizaine de jours de compétition.

Ce sport est également porté par les très belles performances de Martin Fourcade. Est-ce une nécessité pour vous d'avoir des disciplines dans lesquelles les Français sont bons ?
Oui. Il faut que le sport soit incarné. On aime la discipline, mais on aime aussi les gens. On a toujours misé sur des sports avec des têtes d'affiche. Pour le biathlon, on a Martin Fourcade. En cyclisme, on a Thibaut Pinot, Romain Bardet, Arnaud Démare et Julian Alaphilippe. Le judo, on a Teddy Riner. La boxe, on a Estelle Yoka Mossely. Le foot avec les qualifications pour l'Euro, on aura Antoine Griezmann, Cristiano Ronaldo, Eden Hazard. Tous ces sports sont portés par des incarnations fortes.On a envie d'être en phase avec le sportif qu'on voit, dans ses moments de doute et de victoire. Si le sport n'est pas incarné, on met un robinet à images et ça ne s'arrête jamais.

Pour le biathlon, Martin Fourcade se rapproche de sa fin de carrière...
Je ne le connais pas suffisamment pour savoir dans quel état de forme il est. C'est sûrement une année plus difficile pour lui que l'année dernière. Après, le record d'audience qu'on a fait cette année sur le biathlon, c'est une victoire de Quentin Fillon Maillet. Evidemment que Martin Fourcade est essentiel pour le développement de ce sport, mais maintenant, c'est toute l'équipe de France qui rayonne.

En janvier dernier, vous avez justement frôlé le record d'audience historique de la chaîne avec le biathlon. Avec ces mondiaux, avez-vous pour objectif de battre ce fameux record ?
En tout cas, je l'espère. Une bonne audience, c'est la corrélation de plusieurs facteurs. Nous sommes en hiver. S'il fait un temps mitigé, un samedi ou un dimanche, il y aura plus de monde devant la télévision. Si les athlètes français sont au rendez-vous, les téléspectateurs s'intéresseront à leur parcours. Si nous sommes bons dans notre couverture, nous allons récupérer le maximum de téléspectateurs. Si on investit sur le biathlon, c'est qu'on espère toujours battre un record. Ces mondiaux sont quand même le grand rendez-vous avant les Jeux olympiques de l'année prochaine.

"On ne s'interdit rien sur les droits sportifs." Jérôme Saporito

Il y a un autre évènement en mars sur la chaîne L'Equipe : les matchs de qualifications pour l'Euro de football. Allez-vous proposer un dispositif similaire à celui de la Ligue des nations ?
On va investir sur les gros matchs. On en diffusera certains en exclusivité. Ca va démarrer par Allemagne/Serbie en match amical. Ensuite, il y aura Belgique/Russie. Carine Galli ira à Bruxelles avec Raphaël Sebaoun. La stratégie sera simple : nous mettrons le paquet pour faire vivre l'évènement et le faire rayonner. On aura aussi les matchs du Portugal, de l'Angleterre, de l'Italie... Les fans de football pourront suivre toutes les grandes équipes. La Ligue des nations, c'était un bon début. Pour les qualifications à l'Euro 2020, les joueurs vont encore plus se montrer. Cristiano Ronaldo va devoir élever son niveau pour porter le Portugal, tenant du titre européen. Le niveau sera donc globalement relevé.

Concernant le football, seriez-vous intéressé par d'autres droits sportifs ? On sait par exemple que la Coupe de France et la Coupe de la Ligue n'intéressent plus vraiment le groupe France Télévisions...
On ne s'interdit rien sur les droits. Il faut mettre en face la valeur du programme, ce qu'il peut apporter à la chaîne, et le prix demandé par les ayants-droit. Tout est possible. Nous avons un modèle économique et une trajectoire à respecter. Nous voulons développer la chaîne petit à petit. Nous sommes là pour très longtemps. Si ce n'est pas sur les compétitions que vous venez de citer, ce sera sur d'autres. Nous n'allons pas casser notre modèle économique pour acheter des droits sportifs.

Vous allez proposer également d'autres grands rendez-vous comme la boxe avec Estelle Yoka Mossely, du cyclisme, du volley-ball...
Sur le volley, nous serons "host broadcaster" lors de l'Euro en septembre prochain. Nous allons réaliser et produire le signal pour le monde entier sur les championnats d'Europe de volley-ball. Ce sera une étape de plus dans le développement de la chaîne. Nous produisons nous-mêmes des courses cyclistes en France. Ce sont des choses qui n'existaient pas il y a quelques années. Nous avons acquis un savoir-faire dans ce domaine-là. C'est vraiment pour nous quelque chose de valorisant.

"Tout ne se règle pas avec le carnet de chèques en sport." Jérôme Saporito

Serez-vous en mesure de garder ces droits sportifs ?
On va se battre. Certains droits vont aiguiser les appétits des autres médias, ce qui est logique. Mais sur les droits dont nous disposons, ce ne sont pas des droits que les autres médias ne voulaient pas. On s'est aussi battu pour les avoir ! Les droits qui font notre bonheur, nous essayerons de les conserver.

Je pense notamment au Giro qui est une très grande compétition de cyclisme...
Elle était sur d'autres chaînes avant. Nous avons propulsé en gratuit le Giro alors que ce n'était pas le cas depuis plusieurs années. Au-delà du prix payé, le sport en gratuit a une valeur. La plupart des ayants-droit le savent. Dans leur réflexion, il y a le prix et il y a la valeur du nombre de gens qui vont le regarder. Parfois, il se peut que certains ayants-droit décident de passer en clair plutôt qu'accepter un plus gros chèque. Ils ont aussi tout un éco-système à faire vivre avec des sponsors. Tout ne se règle pas avec le carnet de chèques en sport, même si on parle beaucoup d'argent, surtout dans le foot. La chaîne L'Equipe peut offrir au maximum de gens cette possibilité de regarder ces sports-là.

Il y a aussi d'autres sports plus folkloriques comme le bûcheronnage professionnel ou le catch. Allez-vous continuer dans cette direction ?
Ce sont des sports de force. C'est une catégorie de sport. Le bûcheronnage, je ne connaissais pas quand je suis arrivé. J'ai vu une étape à Marseille. C'était produit comme n'importe quel sport. C'était magnifique ! C'est du spectacle. Le catch, c'est pareil. Les catcheurs n'arrêtent pas ! C'est du sport avec une grosse dose de divertissement. C'est intéressant pour étirer notre matière sport.

Dans le folklorique, je n'imaginais pas que des sports de force, mais aussi des sports proches du loisir comme la pétanque.
On a tous joué à la pétanque. On a tous vu la difficulté de faire un carreau. La pétanque, on l'ancre comme une discipline sportive. Ce n'est pas un loisir. La chaîne L'Equipe présente des sportifs qui se sont entraînés durement et qui sont capables de réaliser des performances de dingue avec une boule.

Comptez-vous garder cette stratégie d'investissement sur les droits sportifs initiée par les précédents dirigeants ?
Je maintiens le cap. Je me mets dans les chaussons d'Arnaud de Courcelles et de Cyril Linette. Pour 2019, l'ensemble de nos droits sont sécurisés. On aura le temps de penser à la suite. On pourra aller voir s'il y a des sports qu'on a envie d'arrêter pour X raisons et des sports qui nous feraient plaisir d'avoir sur la chaîne. On va chercher des sports avec le même potentiel que le biathlon, par exemple. Quand le biathlon a été acheté par la chaîne, je ne suis pas sûr que tout le monde s'est dit que c'était une bonne idée. Aujourd'hui, tout le monde reconnaît que la réussite de la chaîne est liée à l'apparition en clair du biathlon.

Arrivez-vous à être rentable avec certains de ces droits ?
Il est très compliqué d'expliquer la rentabilité des droits. Les droits sportifs rayonnent sur toute la chaîne. Les championnats du monde du biathlon porteront la chaîne sur les semaines et les mois qui viennent. Je ne vais pas vous dire : "Le biathlon, on a payé tant et on calcule juste la publicité autour". Ce calcul ne voudrait rien dire. Les droits télé viennent nourrir l'ensemble des supports du groupe. Le biathlon est repris sur le quotidien et sur le web. Ces sports sont accessibles sur les réseaux sociaux dans des séquences découpées et sur le site en direct. C'est tout un éco-système. Entre le prix qui a été payé et toute la matière que l'on récupère, cela revient à beaucoup plus que la valeur que l'on peut traduire par un chiffre. Mais évidemment, sur la globalité de la chaîne, on veut atteindre l'équilibre et on l'atteindra.

Comptez-vous faire des économies au sein de la chaîne ?
S'il y a une poche d'économies, on les fera comme dans toute société qui est bien gérée. Si on sent qu'il y a quelque chose sur lequel il faut investir, on le fera avec plaisir.

"J'espère que 'Mud Day' sera un succès et qu'il aura plein de saisons." Jérôme Saporito

Parmi ces investissements, il y a une nouveauté sur la chaîne : du divertissement en prime time. Pourquoi ce choix de programmation avec une adaptation du "Mud Day" sur L'Equipe ?
Le "Mud Day", c'est extrêmement populaire en France. C'est dans l'air du temps. Il y a des épreuves de "Mud Day" qui sont organisées depuis 5 ou 6 ans en France. ASO (Amaury Sport Organisation), qui fait partie du même groupe que L'Equipe, a développé ce concept-là. Quand j'ai rencontré les dirigeants de la chaîne, avant de signer, je leur avais déjà dit : "Pourquoi vous ne faites pas une émission autour du 'Mud Day' ?". Ca me semble tellement logique. Il y a opération "survie" avec "Koh-Lanta". Il y a "Ninja Warrior" qui est du dépassement de soi. "Big Bounce" est une performance physique. Nous avons un concept qui appartient au groupe et qu'on peut transposer assez facilement en télé. Oui, ce sera un prime time de divertissement, mais ce sont des sportifs qui vont y participer. Ils sont tous adeptes de tous ces sports qui cartonnent : le cross-fit, le trail, etc. Cette adaptation du "Mud Day" sera du dépassement de soi. Ce seront huit équipes, il y aura un seul vainqueur et le but sera de remporter le trophée du "Mud Day". J'espère qu'il y aura "Mud Day" saison 1, saison 2, saison 3, saison 4... Lors du lancement des inscriptions, on a été submergé par les demandes !

On peut ressentir l'ADN TF1 qui est encore un peu chez vous...
C'est un très bon ADN (rires). Ils ont connu beaucoup de succès. Le projet du "Mud Day" était initié avant que je n'arrive. Je l'ai juste un peu accéléré et un peu transformé. On est dans l'air du temps de ces spectacles familiaux. C'est une petite barrière que nous faisons tomber sur la chaîne.

Souhaitez-vous créer d'autres divertissements sur la chaîne ?
J'espère que "Mud Day" présenté par Virginie Guilhaume et Yoann Riou sera un succès et qu'il aura plein de saisons. Ca nous donnera plein d'idées et plein d'envies. On ne s'interdit rien. Je suis sûr qu'à partir de cette idée-là, on peut aller chercher d'autres choses. Le champ est très vaste.

"L'idée d'avoir des documentaires en série, ça m'intéresse." Jérôme Saporito

Allez-vous garder le même rythme de production de vos longs formats d'enquête ?
Tout à fait. La chaîne a grandi grâce à "L'Equipe Enquête". Ce sera toujours dans l'ADN de la chaîne. Cette année, il y a un documentaire sportif qui a gagné un Oscar ("Free Solo", ndlr). C'est un genre extrêmement noble. J'en ai produit quelques-uns l'année dernière sur TF1. Je ne vais pas le lâcher comme ça. On cherche de bonnes histoires.

Avez-vous un oeil sur les documentaires sportifs produits par les plateformes de SVOD comme celui réalisé en plusieurs épisodes sur le club de football de Sunderland pour Netflix ?
J'aime l'idée de la série. Un doc, ça peut être un unitaire, mais ça peut être aussi une série. L'idée d'avoir des docs en série, ça m'intéresse. J'avais travaillé sur des idées assez proches à TF1. J'essayerai d'en apporter de nouvelles à L'Equipe. Netflix et Amazon Prime ont fait ce genre de documentaires. A TF1, on faisait des unitaires. Moi, je réfléchis à cette idée de série. Je trouve que c'est une écriture intéressante.

Les journalistes télés qui travaillent sur ces enquêtes ont-ils été impactés par le conflit entre le Paris Saint-Germain et le quotidien "L'Equipe" ?
L'année dernière, la chaîne a produit deux longs portraits sur Kylian Mbappé. Il n'y avait pas eu de soucis. Le prochain doc n'est pas du tout sur le PSG. Si on veut s'intéresser à l'un des joueurs du PSG ou à une problématique du PSG, on le fera avec ou sans l'accord du club. Ce sera à eux de voir.

"On serait ravi d'accueillir Michel Drucker sur L'Equipe." Jérôme Saporito

Parlons un peu de vos émissions de plateau comme "L'Equipe d'Estelle" et "L'Equipe du soir"...
C'est la structure de la chaîne ! C'est le premier pilier. La chaîne diffuse près de six heures par jour des émissions en direct du lundi au vendredi. Ces deux émissions ont permis à la chaîne de franchir un cap. L'arrivée d'Estelle Denis et la présence d'Olivier Ménard sont deux points importants de la progression de la chaîne. Les téléspectateurs ont un attachement très fort à eux. Sur puremedias.com, Nathalie Renoux dans son "Année médias 2018" racontait à quel point elle n'imaginait pas la grande popularité d'Olivier Ménard lorsqu'ils ont passé l'été ensemble. Le foot, ça reste la matière numéro 1. Estelle Denis et Olivier Ménard ont réussi à devenir la référence du talk de foot, chacun à leur manière. Il y a des réflexes qui se sont créés. Par exemple, quand il y a un gros match, les téléspectateurs zappent à la fin de la rencontre pour avoir l'avis de "L'Equipe du soir". Olivier Ménard, c'est le Michel Denisot du sport. Il incarne tellement son programme et en même temps il est hyper en retrait. De son côté, Estelle Denis a su prouver qu'elle pouvait parler de foot de façon tout aussi forte que n'importe qui. Elle a imposé un style fait de sourire, de plaisir et de partage. Cette notion de pote, elle la chérit plus que tout. Pendant deux heures et demi, elle rayonne, c'est le soleil de la chaîne.

Aucune évolution à prévoir pour ces deux émissions donc ?
Non, non. Je ne vais pas toucher à quelque chose qui marche. Je serais totalement fou. Elles vont évoluer au gré des envies des équipes d'Estelle et d'Olivier, en fonction aussi des gens avec qui on a envie de travailler. Ce sera toujours de façon marginale. Ils incarnent leur concept et leur concept plaît.

Pourquoi n'y a-t-il pas d'émission d'accueil d'invités ?
C'est vrai qu'on le fait un peu moins. On ne s'interdit rien. Il ne faut pas que ce soit structurant dans nos offres. Aller chercher un invité qui est en promo, qui a une affinité toute relative avec le sport, ce n'est pas bien pour l'émission, ce n'est pas bien pour le présentateur, ce n'est pas bien pour l'invité.

Il y avait une émission d'accueil auparavant sur la chaîne, "L'Equipe de Thomas". Malgré le départ de Thomas Hugues, qui l'a très peu présentée, avez-vous cherché un remplaçant ?
Non. L'émission s'est arrêtée d'elle-même. C'était son programme et son incarnation. Moi, je suis ici pour longtemps. J'ai tout le temps pour trouver un bon concept et la bonne incarnation.

Michel Drucker n'a pas encore signé pour la saison prochaine à France Télévisions. Pourrait-il être un profil qui vous intéresserait ? Il est réputé pour être un grand fan de cyclisme.
(Rires). Je vais demander à Olivier Ménard de me donner son numéro. Il doit toujours l'avoir. Il a débuté avec lui. Je ne savais pas que Michel Drucker n'avait pas encore signé. Rien n'est impossible. Nous, c'est une chaîne de passionnés. Je n'hésiterai pas à lui passer un coup de fil s'il veut passer une tête sur le Giro. On serait ravis de l'accueillir !

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