Le directeur de la chaîne ne croit pas au "tout journaliste ou au tout gratuit".
Tweet interdit pour les journalistes de Canal +. L'information, révélée par Le Monde le 19 mai dernier, est confirmée à notre confrère du Point par Rodolphe Belmer, directeur de la chaîne. « Les journalistes professionnels doivent leurs infos à leur public, à leur média explique-t-il. Une chaîne comme Canal+ ou I>télé doit pouvoir maîtriser sa ligne éditoriale et non reprendre à son compte des twitts sensationnalistes quand ils ne sont pas erronés. Sur Twitter, j'ai lu beaucoup de bêtises à propos de l'affaire DSK ».
SMS
L'affaire DSK justement. Lundi 16 mai au soir, quand Dominique Strauss-Kahn s'est retrouvé face au juge, quelques journalistes français étaient présents. Leur portable à la main, ils ont pu rendre compte en live de cette audience sur Twitter. Parmi eux, Laurence Haïm, correspondante aux Etats-Unis pour le groupe Canal +. Mais ce soir-là, son compte twitter restait désespérément muet. La journaliste a bien utilisé son téléphone portable comme ses confrères. Mais pour envoyer des SMS à sa rédaction.
Prochain test, le 6 juin
« Avant, les médias vendaient de l'info. Dans le monde actuel, l'info en soi n'a plus de valeur. Ce qui prend de la valeur, c'est l'information vérifiée, classée, hiérarchisée et analysée. Le "tout journaliste" ou le "tout gratuit", je n'y crois pas » explique Rodolphe Belmer, assurant que « Canal+ et ses différentes antennes se soustrairont toujours à la dictature de l'instantané et de la photo volée ».
Pas question à priori lundi 6 juin, lors du prochain procès de DSK, d'entendre sur i>TELE les journalistes relayer les tweets de leurs confrères présents à l'audience. Ce qu'ils avaient fait le 16 mai dernier, en dépêchant sur le plateau le journaliste Guillaume Auda, ordinateur portable sour le bras, pour les lire en direct ! La concurrente BFM TV adoptera-t-elle la même attitude ? Pas si sûr.
Erreur
Réserver la primeur d'une information au média qui emploie un journaliste n'a rien de surprenant. En revanche, dans des circonstances exceptionnelles comme lundi 16 mai, rien ne justifie vraiment « ce devoir d'exclusivité ». Et citer des tweets « non vérifiés » peut comporter quelques risques. Ce jour-là, i>TELE a ainsi été trompée en relayant dans son "ticker", la barre d'informations qui se situe en bas de l'écran, un message posté sur le compte usurpé de Tristane Banon, expliquant qu'elle avait déposé plainte contre Dominique Strauss-Kahn.