Vincent Bolloré rêve de transformer Vivendi en un véritable groupe intégré, capable de produire des artistes (Universal), de les lancer sur scène (L'Olympia) et d'assurer leur promotion à l'antenne de ses filiales (Canal+, D8, D17). A-t-il en tête la même stratégie pour Havas, une agence d'achat d'espaces publicitaires, détenue à 60% par son propre groupe ? C'est ce que laissait entendre BFMBusiness mi-mars dans cet article, "Canal Plus fait de plus en plus souvent appel aux 'cousins' d'Havas".
Selon notre confrère, Havas favoriserait Canal+ pour les investissements publiciaires de ses clients. "Lorsqu'Havas doit choisir un support pour ses annonceurs, les chaînes du groupe (Canal+, D8, iTELE...) sont de plus en plus recommandées. En 2015, le montant qui leur a été attribué a augmenté de 7%, à 95 millions d'euros", écrivait notre confrère. Autre indicateur, l'achat par Canal+ de spots en passant par Havas pour la promotion de ses offres : +16% en 2015.
"L'intérêt d'Havas est aligné sur celui de ses clients annonceurs"
Dans une interview droit de réponse, Raphaël de Andréis, PDG de Havas Media Group France, se défend et assure ne pas favoriser Canal+. "L'intérêt d'Havas est aligné sur celui de ses clients annonceurs, et en aucun cas sur celui d'autres sociétés, y compris si elles partagent un actionnaire commun. Nos clients ont l'intégralité des factures, et s'apercevraient immédiatement d'une anomalie au profit de telle ou telle chaîne, Canal+ par exemple", assure-t-il.
Il explique la forte progression des volumes d'affaires entre les deux sociétés amies par l'augmentation globale des achats publicitaires par Havas Media de 14% en 2015, contre 7% pour Canal+. "Donc le Groupe Canal Plus a perdu des parts de marché chez nous l'an dernier, au profit d'autres chaînes, comme par exemple BFMTV, où nos achats ont augmenté de 23%", détaille-t-il. Enfin, le recours plus important en 2015 de Canal+ à Havas pour acheter ses propres campagnes aurait une autre explication, "l'intensification de la concurrence, notamment l'arrivée de Netflix". Un bouleversement du marché qui aurait donc poussé la chaîne à communiquer davantage... en passant par Havas.