





"Je n'ai pas beaucoup dormi, j'avoue". Gaëlle, aventurière venue de l'Ain, a savouré sa victoire ce mardi soir. La maman célibataire de 35 ans a remporté par 7 voix contre 4 cette saison de "Koh-Lanta" dénommée "La revanche des 4 terres". Victorieuse sur l'épreuve des poteaux, elle avait choisi Maël, jeune pâtissier breton, pour l'accompagner en finale plutôt que Jérôme le Catalan. Pour Puremédias, celle qui a nourri le camp durant toute l'aventure mais regrette de ne pas avoir brillé en épreuves individuelles, revient sur cette "belle revanche" après un parcours de vie qui n'a pas toujours été simple.
Puremédias : Vous êtes la grande gagnante de cette "Revanche des 4 terres". Quel a été votre sentiment quand Denis Brogniart a crié votre nom ?
Gaëlle : Je n'y croyais pas vraiment. C'est un truc de fou. C'est de la joie, du bonheur, de la fierté. C'est plein d'émotions qui me traversent à ce moment-là.
Entre la fin du tournage et hier soir (la finale en direct, ndlr), dans quel état d'esprit étiez-vous ? Aviez-vous essayé de compter qui allait voter pour qui ?
Ah non, je ne voulais pas du tout y penser. L'idée hier soir c'était de profiter, de retrouver les copains, de savourer les dernières images, de se faire chouchouter dans les loges, de vivre ce moment pleinement, instant après instant, et surtout de ne pas penser au résultat.
Vous avez souvent évoqué dans l'émission votre quotidien parfois difficile de maman solo avec deux filles. Ces 100.000 euros, ils vont vous changer la vie ?
Ça va me permettre de souffler un petit peu et me donner un coup de pouce. C'est un nouveau départ pour moi car ça va vraiment me permettre de gagner du temps et de l'énergie pour pouvoir finir de rénover ma maison et consacrer plus de temps à mon activité professionnelle, qui me tient profondément à coeur mais que j'avais mise de côté pour pouvoir gérer le quotidien. Me dire que je vais pouvoir y revenir, c'est un soulagement et un bonheur total.
Votre activité professionnelle, c'est une sorte de coaching pour les femmes ?
Oui, j'accompagne des femmes qui s'oublient, qui sont là pour faire pour les autres, qui peut-être ont pris du poids, qui n'arrivent plus à vibrer au quotidien parce qu'elles sont juste là pour gérer le foyer. Et pour moi, c'est important de ne pas s'oublier, de ne pas oublier de réaliser des projets, des rêves qui sont importants pour soi. Donc je les accompagne en trois phases : retrouver confiance en soi, installer des routines et des disciplines dans sa vie pour optimiser son temps pour mener des projets personnels et enfin implanter des routines liées à l'alimentation et au sport pour retrouver la santé et l'énergie et être dans un cercle vertueux qui redynamise sa vie et permet de reprendre le contrôle. Moi, j'ai été accompagnée et je me suis formée aussi, donc c'est important pour moi de redonner aux autres pour qu'il n'y ait pas que moi qui en bénéficie.
Comment interprétez-vous votre victoire ?
C'est une revanche, après plein de batailles silencieuses que j'ai pu mener. Je n'ai jamais rien lâché, j'ai toujours continué à y croire. Et je me suis dit, un jour, il y a des portes qui vont s'ouvrir. Un jour, je vais réaliser un rêve. J'ai toujours continué à faire du sport, à me développer en me disant : "J'avance même si c'est dur, même si c'est bancal, même si tout n'est pas comme je voudrais, je continue d'avancer". Et là, de voir cet aboutissement, c'est juste incroyable et c'est une belle revanche.
Qu'est-ce qui a fait, selon vous, la différence entre Maël et vous ?
J'aime croire que c'est ce côté sororité qui a pu fédérer. Mon histoire personnelle aussi, et le fait que j'étais toujours active sur le camp. Je pense avoir été toujours positive et j'avais vraiment des affinités avec beaucoup de personnes dans l'aventure.
Avez-vous vu qui a voté pour vous et êtes-vous surprise par certains choix des membres du jury final ?
Déjà, c'est vraiment génial d'avoir le soutien des femmes (Céline, Louise, Naïs, Jessica et Claire ont voté pour elle, Joana et Noémie ont voté pour Maël, ndlr) et de sentir cette sororité encore présente. Et le vote de Jérôme le Catalan (lui et Maxime ont également mis un bulletin "Gaëlle" dans l'urne, ndlr), il est vraiment magique. Parce qu'on a souvent vu dans l'émission cette solidarité masculine. Les hommes ne votaient pas les uns contre les autres, à l'orientation ils ne se sont pas mis sur la même zone... Il y avait vraiment cette solidarité masculine donc je me suis dit que ça irait jusqu'au bout et qu'il voterait forcément pour Maël. Et finalement, il vote pour moi. C'est une surprise, et c'est trop chouette de découvrir ça. C'est son côté humain qui parle, comme lorsqu'il a offert son confort à Pierre-Marie (alors que Jérôme avait été choisi par Naïs pour l'accompagner et profiter du confort, le Catalan avait cédé sa place à Pierre-Marie, ayant déjà eu un confort précédemment, ndlr).
Lorsque vous gagnez les poteaux et que vous choisissez Maël plutôt que Jérôme le Catalan, certains membres du jury final ont douté de vos arguments et ont parlé d'un choix stratégique. Qu'avez-vous à répondre ?
Pour moi, c'était important que tout le monde comprenne que c'est un choix global. Tout était aligné pour choisir Maël. C'est mon pote d'aventure, on a vécu des victoires chez les rouges ensemble, on a veillé sur le feu ensemble, on a été en alliance Est-Ouest ensemble. Il est tombé en 2e sur les poteaux donc il mérite aussi sa seconde place. Jérôme le Catalan, il a eu plein de victoires, il a brillé avec son coup de bluff, il a marqué l'histoire de "Koh-Lanta". Maël et moi, on a vécu ces 40 jours aussi et selon moi, on avait le droit d'avoir un peu de lumière sur nous. C'était notre tour de briller. C'était essentiellement pour ça que je l'ai choisi. Bien sûr, il y a la stratégie qui rentre en compte, mais pour moi, ce n'était pas le plus important. D'ailleurs c'est dommage que ce soit dénoncé comme quelque chose de négatif et qu'on me le reproche alors que finalement, on reconnaît pour d'autres aventuriers que la stratégie fait partie du jeu. C'est un peu bizarre et paradoxal.
Justement, côté stratégie, cette saison a été marquée par "le plus grand coup de bluff de l’histoire du jeu", mené d’une main de maître par Jérôme le Catalan et Claire. Lorsqu’ils révèlent leur stratagème lors du dernier conseil, vous vous effondrez. Que se passe-t-il dans votre tête à ce moment-là ?
Ce soir-là, j'ai fait un choix que je m'étais jurée de ne pas faire, qui allait complètement à l'encontre de mes valeurs pour sauver mon aventure : voter contre mon
amie Céline. Je fais ça parce que je pense à ce moment-là que je n'ai aucune autre option. Et quand ils dévoilent leur coup de bluff, je me dis que j'ai été trop naïve, que j'avais une autre option et que je ne l'ai pas vue. Donc je m'en veux énormément d'avoir voté contre Céline. Je m'effondre pour ça, parce que je me déçois.
Maël disait lors de cette finale qu'il ne changerait rien à son aventure. Est-ce votre cas aussi ?
Ce vote contre Céline, il n'était pas nécessaire donc si je pouvais l'enlever, je le ferai. Et je me ferais confiance beaucoup plus tôt sur l'orientation (elle cherchait la même balise que Jérôme des Landes qui l'avait déjà trouvée et ne voulait pas qu'elle le suive, et a mis énormément de temps à lui mettre la main dessus, pensant même avoir perdu, ndlr). Mais voilà, on ne peut pas refaire le match. Là j'ai mangé, j'ai dormi, je suis en pleine forme, j'ai toute ma lucidité. Donc c'est facile de dire ça (rires). Mais Céline ne m'en a pas voulu une seule seconde. On est amies aujourd'hui. Et Jérôme, à la fin de l'orientation, il est hyper fair-play, il sait très bien que j'ai cherché comme une malade moi aussi et que je méritais de trouver ce poignard. Mon aventure, elle est comme elle est, avec mes forces, mes faiblesses. Tout le monde fait des erreurs, moi aussi.
Vous avez dit que la réunification avait été synonyme pour vous de descente aux enfers… Pourquoi ? Vous avez été déstabilisée par le côté stratégie, qui a dominé à partir de ce moment-là notamment avec les coups de bluff de Maxime ?
C'est exactement ça. Je vivais mon meilleur "Koh-Lanta" en équipe, on gagnait, on kiffait, on faisait de la survie, c'était chouette, un petit moment entre potes quoi (rires). Et l'aspect stratégique, ça met une petite claque et on se dit : "C'est ça le jeu en fait". Mais il fait mal ce jeu. Parce que je me suis attachée à des êtres humains, on prend soin de moi, et puis là, il faut réfléchir. C'est un aspect que je refoulais du jeu et que je n'avais pas envie de vivre vraiment, donc j'ai beaucoup subi à ce niveau-là.
Vous nous parliez de votre amitié avec Céline, avez-vous gardé des liens avec d'autres aventuriers de cette saison ?
"Koh-Lanta" c'est une vraie petite famille. J'ai mon noyau indétrônable avec Céline, Louise, Noémie, Benoît... Il y en a avec qui j'ai moins d'affinités, mais quand on se voit et qu'on va boire un verre, je suis très heureuse aussi. On a vécu un truc de fou tous ensemble, on a écrit une histoire incroyable pleine de rebondissements donc c'est une œuvre commune et ça crée des liens vraiment forts.
Qu'est-ce que cette aventure vous a appris sur vous-même ?
Que je pouvais me faire confiance, que même si c'est dur, je tiens bon. Ça confirme ce mental de fou. Ça m'a aussi appris que j'étais parfois un peu trop naïve. Et j'ai aussi appris à ne pas mener toutes les batailles toute seule. Au quotidien, je me suis parfois isolée, croyant que je devais être la femme forte et indépendante et tout réussir toute seule. Maintenant, je m'ouvre la possibilité de compter peu plus sur les autres, de m'investir un peu plus dans d'autres relations et de faire confiance aussi.
Avez-vous été surprise par certains aspects de l'émission auxquels vous ne pensiez pas du tout en vous inscrivant ?
La difficulté, je m'y attendais mais la vivre, c'est autre chose. Une nuit et une journée sous la pluie, à aucun moment il y a du plaisir. À la télévision, ça dure 5 minutes, nous c'était 48 heures. Dormir avec des affaires mouillées, c'est horrible comme sensation. On rêve d'être dans un petit cocon douillet, mais ce n'est pas ça "Koh-Lanta" (rires). Sur les émotions aussi, je savais que j'étais quelqu'un de sensible, mais je pensais mieux les maîtriser.
Aviez-vous regardé d'autres saisons du jeu ? Y a-t-il des parcours qui vous faisaient rêver ?
Il y a le parcours de Naoil (gagnante de la saison de "L'île des héros" en 2020, ndlr) qui m'a beaucoup inspirée. C'est une femme forte, combative, qui a un mental de fou. Celui d'Alexandra (gagnante de la première édition des "4 terres", ndlr), bien évidemment aussi. Elle s'est révélée en individuel et c'est là qu'elle a tout déchiré. Forcément, je m'identifie au côté maman warrior.
Auriez-vous envie de remettre votre titre en jeu lors d’une édition All-Stars ?
Oui ! Parce que j'ai quand même ma petite revanche à prendre sur les épreuves individuelles (elle n'a remporté que les poteaux, ndlr). Je pense que je peux mieux faire. Et ensuite, visionner les épisodes me permet d'avoir ce recul sur l'aspect stratégique du jeu, de le voir, de mieux le comprendre. Si je participais une deuxième fois, j'ai envie de prendre moins les choses à cœur et de jouer un peu plus. J'aimerais bien voir ce que ça donne avec cette nouvelle lecture, de bluffer à mon tour et de m'amuser avec ça. Et me confronter à des légendes de "Koh-Lanta", ce serait complètement dingue. Je suis assez folle pour me relancer là-dedans.


